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 Origines de la France..

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Mimi
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MessageSujet: Origines de la France..   Origines de la France.. Icon_minitime1Lun 30 Déc - 10:07

« Nos ancêtres les Gaulois »


Origines de la France.. Paule
Statuette de barde gaulois à la lyre, découverte à Paule (Côte d'Armor, Bretagne)


Appelé Gallia (Gaule) par Jules César, le territoire compris entre les Pyrénées et le Rhin appartient à l'immense domaine de peuplement celte qui s'étend des îles britanniques jusqu'au bassin du Danube et même jusqu'au détroit du Bosphore (le quartier de Galatasarai, à Istamboul, rappelle la présence de Galates, cousins des Gaulois, dans la région).


Avant notre ère, le territoire de la Gaule est partagé entre Rome et des tribus indépendantes celtes, mais aussi ibères ou encore germaniques. Les Romains occupent le littoral méditerranéen, la Gaule Narbonnaise, aussi appelée la Province (dont nous avons fait Provence).


La Gaule qui échappe à Rome compte 64 « pagus » ou pays. Elle est communément appelée « Gaule chevelue » en raison de l'importance de ses forêts. Rien à voir avec la pilosité de ses habitants. Les Éduens, au centre, sont fortement influencés par la culture latine. Les régions proches des Pyrénées sont appelées Aquitaine ; au-delà de la Seine, elles sont appelées Belgique.


Que sont « nos ancêtres les Gaulois » devenus ?


C'est au début du XIXe siècle qu'un jeune historien aujourd'hui oublié, Amédé Thierry, sort les Gaulois de l'oubli dans son Histoire des Gaulois (1934) en se fondant surtout sur les récits des Grecs et des Romains.


De façon quelque peu abusive, il assimile la France à la Gaule en oubliant le millénaire gallo-romain et franc qui les sépare. Il y voit « race de laquelle descendent les dix-neuf vingtièmes d'entre nous Français », une fraction qui mériterait d'être revue à la baisse.


Origines de la France.. Vercingetorix-alesia
Vercingétorix à Alésia (statue d'Aimé Millet, 1865)


Napoléon III, féru d'histoire romaine, porte Vercingétorix au pinacle et lui donne même ses traits sur la statue qui le représente à Alésia.


Sous la IIIe République, la référence à « nos ancêtres les Gaulois » n'a jamais été employée textuellement dans les manuels scolaires des collèges en France, encore moins dans les colonies !


On la rencontre toutefois dans des manuels édifiants destinés aux jeunes écoliers : « Nos ancêtres les Gaulois étaient donc de pauvres malheureux, parce qu'ils ne connaissaient pas comme nous le bon Dieu » (H. Guillemain et l'abbé Le Ster, Histoire de France, cours élémentaire, 1934).


Origines de la France.. Gaulois-manuel
Représentation conventionnelle d'un guerrier gaulois dans un ancien manuel scolaire


Voici ce qu'écrit aussi Le Tour de France par deux enfants (G. Bruno, Belin, 1877), livre de lecture très populaire sous la IIIe République : « La France, notre patrie, était, il y a bien longtemps de cela, presque entièrement couverte de grandes forêts. Il y avait peu de villes, et la moindre ferme de votre village, enfants, eût semblé un palais. La France s'appelait alors la Gaule, et les hommes à demi sauvages qui l'habitaient étaient les Gaulois. Nos ancêtres, les Gaulois, étaient grands et robustes, avec une peau blanche comme le lait, des yeux bleus et de longs cheveux blonds ou roux qu'ils laissaient flotter sur leurs épaules... »


Gardons-nous d'ironiser sur ce genre de billevesées et songeons à ce que les générations futures retiendront par exemple de 324','','width=500,height=400'); return false;">notre approche de l'islam dans les manuels scolaires de 2016 !


Albert Malet et Jules Isaac, qui ont inspiré les manuels d'histoire de la IIIe et de la IVe République, ont magnifié la défaite du héros gaulois mais plus encore célébré l'œuvre civilisatrice de Rome : « Les Gaulois n'étaient encore qu'à demi civilisés quand ils furent soumis par Jules César (51 av. J.-C.). Ils adoptèrent rapidement la civilisation romaine » (A. Malet & J. Isaac, classe de quatrième, Hachette, 1926).


Depuis la fin du XXe siècle, les découvertes archéologiques ont fait litière des préjugés sur la sauvagerie de la Gaule. Les historiens s'accordent aussi sur la diversité de son territoire et de ses habitants. 


Dans la France moderne, c'est sans conteste l'héritage romain et non gaulois qui prédomine dans la langue et les mœurs. Également dans les structures familiales si l'on en croit l'anthropologue Emmanuel Todd (les familles de type nucléaire caractéristiques du Bassin Parisien sont un héritage de Rome et n'ont rien à voir avec les Celtes et les Germains).




La Gaule à la veille de la conquête romaine
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Origines de la France.. MiniGaule



Le territoire entre Rhin et Pyrénées que César appelle Gaules dans son célèbre compte-rendu de la guerre des Gaules est composé d'environ 64 pays relativement divers et sans guère d'unité.


C'est un ensemble fortement peuplé, aux ressources agricoles et minières abondantes, mais dans lequel il serait hasardeux de chercher la France des origines.
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Noel2
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MessageSujet: Re: Origines de la France..   Origines de la France.. Icon_minitime1Lun 30 Déc - 18:53

Si l'on pouvait visiter l'histoire, la vraie, la réelle, nous aurions, sans aucuns doutes, bien des surprises.
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Mimi
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MessageSujet: Re: Origines de la France..   Origines de la France.. Icon_minitime1Mar 31 Déc - 10:46

La guerre des Gaules


Au premier siècle avant notre ère, Rome domine tout le bassin méditerranéen mais la république ne souffre pas moins d'une grave crise politique interne.


Des généraux ambitieux, au premier rang desquels Jules César, voudraient s'emparer du pouvoir et mettre de l'ordre dans les institutions.


En 58 avant JC, le Sénat, qui détient l'autorité suprême, tente d'éloigner Jules César en lui enjoignant de conquérir les territoires celtes compris entre les Pyrénées et le Rhin (les Gaules). Au terme de huit longues années de guerre, après la victoire d'Alésia, le général, fort de son triomphe, va s'emparer du pouvoir à Rome même.


«Gallia est omnis divisa in partes tres...»
Jules César, désireux de cultiver sa popularité auprès des Romains, a magnifié ses opérations militaires dans le plus bel écrit de propagande qui soit : Commentaires sur la guerre des Gaules.



La Guerre des Gaules


Avant même d'arriver en Gaule Narbonnaise, vieille province romaine, César est sollicité par les Éduens, une tribu de la Gaule chevelue, pour intervenir contre les Helvètes, d'autres Gaulois (ou Celtes) qui ont entrepris d'émigrer vers la Saintonge.


– Première année de guerre :
Sans perdre une minute, Jules César fait creuser des fossés le long du Rhône mais les Helvètes arrivent malgré tout à franchir la Saône et César doit les poursuivre jusqu'à Bibracte, un oppidum proche de l'actuelle Nevers, avant de les renvoyer dans leur région d'origine.


Entre temps, profitant du désordre, les farouches Germains d'Arioviste ont pénétré en Bourgogne. César les renvoie chez eux, au-delà du Rhin. L'approche de l'hiver l'amène à suspendre les opérations et se replier en Gaule cisalpine.


– Deuxième année de guerre :
L'année suivante, en 57 avant JC, César mène une deuxième campagne pour soumettre les peuples de Belgique, au nord de la Seine : les Suessiones (de Soissons), les Bellovaques (de Beauvais), les Ambiens (d'Amiens), les Nerviens (du Hainaut) et les Éburons.


À Rome, le Sénat, enthousiaste, décrète quinze jours de supplications en remerciements aux dieux. Jules César en profite pour rencontrer à Lucques ses associés, Crassus et Pompée, avec lesquels il tient Rome en respect. Le triumvirat est raffermi.


– Troisième année de guerre :
En 56 avant JC, César lance une flotte contre les Vénètes, dans le golfe du Morbihan. La même année sont soumis les peuples aquitains. La plus grande partie de la Gaule chevelue fait désormais allégeance à César.


– Quatrième année de guerre :
Pendant l'hiver, à peine César est-il retourné de l'autre côté des Alpes qu'il apprend que deux tribus de Germains ont traversé le Rhin. Il se précipite à leur rencontre, ravage leur camp et lui-même traverse le Rhin dans l'autre sens, sur un pont de bateaux construit en dix jours dans la région de Cologne. Il en profite pour dévaster la Germanie et dissuader ses peuples de s'en prendre à la Gaule.


– Cinquième année de guerre :
À l'été 54 avant JC, César débarque en Bretagne (l'actuelle Angleterre) avec deux légions et 80 bateaux puis, une nouvelle fois, avec cinq légions pour battre l'armée de Cassivellaunus. Il emmène avec lui ses alliés et vassaux gaulois. Parmi eux, un très jeune officier de cavalerie du nom de Vercingétorix...


Après quatre ans de campagne, César peut croire la Gaule soumise. Il n'en est rien. Le feu couve sous la cendre. C'est ainsi que les Carnutes (d'Orléans) tuent le roi que leur avait donné César. Une légion romaine doit les rappeler à l'ordre. Mais il y a plus grave. Un petit village gaulois résiste à l'occupant... Son chef ne s'appelle pas Abraracourcix... mais Ambiorix. Chef des Éburons de Tongres, en Belgique, il s'associe à Induciomar, chef des Trévires.


En plein hiver, il détruit une légion romaine et assiège le camp de Quintus Cicéron (frère du célèbre orateur du même nom). César secourt son lieutenant et saccage le pays des Éburons.


La paix est sans cesse remise en cause et César, levant jusqu'à un total de dix légions, n'en finit pas d'éteindre les foyers d'insoumission. Pour ne rien arranger, le général apprend par ailleurs que le triumvir Crassus a trouvé la mort à Carrhes, contre les Parthes, et qu'à Rome, l'autre triumvir, Pompée, a été élu seul consul, sans collègue. Ce fait sans précédent met fin au triumvirat.


– Sixième année de guerre :
Dans le courant de l'année 53 avant JC, le jeune Vercingétorix (20 ans), devenu chef des Arvernes, un peuple qui n'a jamais été occupé par les légions, prend conscience de la menace que représente César pour son indépendance. Il fomente une coalition secrète de tous les peuples de la Gaule.


César, surpris en Italie, accourt à travers les Alpes et chasse l'ennemi vers le nord. Vercingétorix détruit tout sur son passage, selon la tactique de la «terre brûlée», afin d'affamer les Romains. Mais il commet l'erreur de céder aux supplications des habitants d'Avaricum (Bourges), capitale des Bituriges, et d'épargner leur ville. César s'empare de celle-ci et y trouve des approvisionnements grâce auxquels il peut reconstituer ses forces.


– Septième année de guerre :
Au printemps suivant, le général romain poursuit l'armée de Vercingétorix jusqu'en Auvergne.


Les Éduens eux-mêmes, traditionnels alliés des Romains, se rallient à Vercingétorix avec leur cavalerie. Le chef gaulois s'établit solidement à Gergovie, une place fortifiée proche de Clermont-Ferrand, d'où Jules César n'arrive pas à le déloger. Fort de ses premiers succès, il est plébiscité un peu plus tard à Bibracte par tous les représentants de la Gaule chevelue et projette rien moins que d'attaquer la Province (la Gaule narbonnaise).


C'est alors que se produit un retournement de situation décisif.


Comme Jules César tente de devancer Vercingétorix dans sa marche vers la Narbonnaise, des cavaliers gaulois lancent une attaque contre son armée. Ils sont repoussés par des cavaliers germains alliés à César et battent en retraite. Leur fuite désordonnée oblige Vercingétorix à se réfugier avec 80.000 hommes dans Alésia, un oppidum bien fortifié dans l'est de la Gaule.


César saute sur l'occasion pour en finir. Il organise un siège méthodique.


Les sapeurs romains construisent une double ligne de fortifications de 17 et 22 kilomètres de circonférence pour : 1) empêcher toute sortie des assiégés ; 2) repousser l'armée gauloise venue à leur secours.


Les assiégeants romains se laissent en quelque sorte assiéger eux-mêmes par l'armée gauloise de secours. Cette tactique porte ses fruits : l'armée de secours, se heurtant aux lignes de fortifications, est en effet obligée de battre en retraite et est battue par la cavalerie germaine au service de César.


La famine contraint Vercingétorix à se rendre. Enchaîné, le chef va suivre pendant quatre ans son vainqueur au cours de ses campagnes militaires. Il sera ensuite emprisonné à Rome pendant deux ans avant de figurer au triomphe de César et d'être étranglé dans sa cellule le soir même.


– Huitième et dernière année de guerre :
L'année suivante, en 51 avant JC, César soumet quelques ultimes révoltes, dont celle d'Uxellodunum (Cahors). Il fait couper les mains de tous les défenseurs de cette ville. La Gaule tout entière fait soumission. Les huit ans de guerre lui auront coûté plusieurs centaines de milliers de morts et la destruction de dizaines de cités.


La Gaule à la veille de la conquête romaine
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Le territoire entre Rhin et Pyrénées que César appelle Gaules dans son célèbre compte-rendu de la guerre des Gaules est composé d'environ 64 pays relativement divers et sans guère d'unité.


C'est un ensemble fortement peuplé, aux ressources agricoles et minières abondantes, mais dans lequel il serait hasardeux de chercher la France des origines. « Nos ancêtres les Gaulois » est un mythe sympathique, rien de plus.
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MessageSujet: Re: Origines de la France..   Origines de la France.. Icon_minitime1Mar 31 Déc - 10:46

60 avant JC
La Gaule à la veille de la conquête romaine


Avant notre ère, le territoire compris entre les Pyrénées, les Alpes et le Rhin (France, Bénélux, Suisse et Rhénanie actuels) a une unité toute fictive, contrairement à l'idée qui sera répandue par Jules César pour les besoins de sa propagande...


 Origines de la France.. CarteAH_Gaule
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MessageSujet: Re: Origines de la France..   Origines de la France.. Icon_minitime1Ven 3 Jan - 13:38

Clovis et les Mérovingiens
Une civilisation plus lumineuse qu'on ne croit


Clovis et ses descendants ont régné entre les Pyrénées et l'Elbe pendant près de 250 ans (VIe-VIIIe siècles), à la charnière entre l'empire romain et le Moyen Âge.


Origines de la France.. Austrasie-dame
Portrait d'artiste de la dame de Grez-Doiceau (Brabant wallon, milieu du VIe siècle), avec les bijoux retrouvés dans sa tombe (Benoît Clarys, 2005), DR


Ils laissent le souvenir de rois incultes et brutaux à la tête de contrées sauvages. C'est du moins l'enseignement transmis par leurs successeurs carolingiens et, mieux encore, par les historiens du XIXe siècle, au premier rang desquels Augustin Thierry.


Cet érudit publie en 1833 Récits des temps mérovingiens, un livre inspiré de l'Histoire des Francs de Grégoire de Tours (VIe siècle). Sous la IIIe République, il va nourrir le ressentiment national à l'égard des Allemands. On assimile en effet ceux-ci à l'aristocratie franque qui aurait asservi le peuple gaulois.


L'archéologie moderne permet de tempérer ce jugement, voire de le contredire. Elle nous rend cette époque mérovingienne étonnamment proche de nous et par certains côtés aimable.


Le royaume des Francs à la mort de Clotaire, en 561
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Origines de la France.. MiniGaule561


Le royaume de Clovis est partagé à sa mort, en 511, entre ses quatre fils, Thierry, Childebert, Clodomir et Clotaire. Il est brièvement réunifié de 558 à 561, sous l'autorité de Clotaire. Au fil des partages successoraux et des guerres, le royaume des Francs ou Regnum Francorum va se subdiviser en plusieurs entités dont les principales sont la Neustrie et l'Austrasie...
 


Barbare ? Vous avez dit barbare ?...


Clovis et ses successeurs se voient comme les héritiers de Rome et ne remettent pas en cause la légitimité de l'empereur qui règne en Orient, à Constantinople.
 
Origines de la France.. Dagobert-trone
Trône en bronze dit de Dagobert (musée de Cluny) ; en réalité une chaise curule romaine complétée par un dossier et utilisée comme trône lors des couronnements.


Ils administrent le coeur de leur domaine, entre Trèves, Paris et Lyon, à la manière romaine, en levant des impôts, en nommant les comtes et en proposant les évêques au choix des fidèles. Dans les régions périphériques, ils se contentent de déléguer l'administration aux seigneurs locaux et se satisfont de leur fidélité.


Il n'y a pas encore de noblesse instituée mais simplement une distinction juridique entre les hommes libres et les autres car il reste des esclaves de naissance en nombre relativement important. Ce reliquat de l'Antiquité disparaîtra peu à peu à l'époque carolingienne.


La classe supérieure inclut les chefs de guerre et les rejetons des anciennes familles sénatoriales gallo-romaines. C'est dans cette classe, de préférence parmi les hommes mûrs et de bonne réputation, que les rois choisissent les évêques. Le choix est souvent négocié avec le peuple et une fois élus, ils deviennent irrévocables.


Les évêques jouent un rôle majeur dans une société déjà passablement christianisée. Ils mettent à profit leur autorité et leurs relations avec le pouvoir royal pour intercéder auprès de celui-ci en faveur de leurs brebis. Aussi sont-ils généralement très populaires et les fidèles ont vite fait de leur attribuer une réputation de sainteté avec miracles à l'appui : guérison, remise d'impôt, libération...


- une société en armes :


Au VIe siècle, les représentants de l'oligarchie ont le bon goût de se faire inhumer en costume d'apparat, avec les attributs de leur fonction, selon une coutume d'inspiration germanique, grâce à quoi nous bénéficions aujourd'hui d'informations détaillées sur leurs moeurs et leur mode de vie.


Origines de la France.. Austrasie-chrodoara
Sarcophage de Chrodoara avec la dédicace : « Chrodoara, noble, grande et illustre, de ses propres biens enrichit les sanctuaires » (vers 730, église Saint-Georges et Sainte-Ode d’Amay, Belgique)


Aux siècles suivants, notons-le, cette coutume va disparaître au profit d'une inhumation modeste, plus conforme aux canons chrétiens. À défaut, les rejetons des grandes familles auront à coeur de montrer leur rang social par de généreuses donations à l'Église et par des fondations pieuses.


En attendant, les chefs de guerre et même les marchands et les paysans aisés se font donc inhumer avec leurs armes : épée de cavalier à double tranchant et francisque (hache de jet à simple tranchant) pour les premiers ; épée courte à un tranchant (scramasaxe) pour les autres.


On peut en déduire que la plupart des hommes possédaient au moins cette épée courte qui faisait office d'arme et d'outil. Il en ira autrement aux siècles suivants quand la noblesse se réservera le droit de porter des armes.


Origines de la France.. Austrasie4-mobilier-tombe-masculine
Mobilier d'une tombe masculine, avec scramasaxe, couteau et garniture de ceinture en fer damasquiné (sépulture de Prény-Bois Lasseau, Meurthe-et-Moselle)


Soulignons l'excellente réputation de la métallurgie franque : ses épées à double tranchant en acier dur et partie centrale en acier mou torsadé sont des chefs-d'oeuvre de haute technologie et des armes redoutables dont les rois mérovingiens tentent mais en vain d'interdire l'exportation !


D'après l'analyse des squelettes, on a pu établir un taux de 5% de morts violentes (guerres, rixes, chutes de cheval...). C'est évidemment beaucoup plus qu'en France de nos jours (1,2%) mais nettement moins qu'au XIVe siècle, période la plus troublée du Moyen Âge (10%) et moins encore que dans certaines sociétés latino-américaines contemporaines (Salvador : 12%). 


Les femmes de haute lignée se font inhumer dans leurs plus beaux atours, comme l'atteste ci-dessous le contenu de la tombe de « dame de Grez-Doiceau » (Brabant wallon), avec leurs bijoux et leurs objets favoris parmi lesquels la clé du coffre, attribut essentiel de la maîtresse de maison ! 


Origines de la France.. Austrasie11-tombe-femme
Mobilier funéraire de la dame de Grez-Doiceau (nécropole mérovingienne du milieu du VIe siècle), DR


- la mondialisation façon mérovingienne :


Le royaume des Francs nourrit des relations intenses avec le monde méditerranéen, l'Orient et même l'Asie comme l'attestent des broderies en soie de Chine retrouvés dans des tombes princières et des bijoux composés de pierres précieuses telles que le grenat de Ceylan (Sri Lanka).


Origines de la France.. Fibule
Fibule en forme d'aigle (émaux cloisonnés, vers 550, Bibliothèque de Nuremberg)


Ces bijoux témoignent d'un goût prononcé des orfèvres mérovingiens pour les motifs animaliers.


Les échanges se monnaient avec des pièces en or à l'effigie de l'empereur, les fameux solidus byzantins d'où nous viennent nos « sous ». L'orgueilleux Théodebert 1er, fils de Thierry 1er et roi d'Austrasie, est le premier Mérovingien qui fait frapper des sous à son effigie.


Ces échanges mondialisés vont perdurer jusqu'à la fin du VIe siècle. Dès 590, l'archéologie montre un ralentissement du commerce avec la Méditerranée et l'océan Indien. Les pièces d'or se font plus rares jusqu'à disparaître totalement au siècle suivant, remplacées par de vulgaires piécettes en argent. Il faudra attendre plus de cinq siècles avant que les Florentins ne réintroduisent une monnaie d'or, le florin.


Cette disparition semble due aux calamités qui frappent le monde méditerranéen à ce moment-là. On peut y voir les conséquences du retour de la peste sous le règne de l'empereur Justinien. L'épidémie a ravagé et largement dépeuplé l'empire byzantin. Un peu plus tard, l'irruption des musulmans a porté le coup de grâce aux empires byzantin et perse et ramené la piraterie en Méditerranée.


Le royaume des Francs, largement épargné par ces calamités, va réorienter ses échanges commerciaux vers la mer du Nord, la Scandinavie, la mer Baltique et l'Asie centrale... faisant au passage la fortune des futurs Vikings et aiguisant leur appétit.


Origines de la France.. Manuscrit-merovingien
Page de frontiscipe d'un manuscrit carolingien consacré à saint Martin, avec portique et décor zoomorphe, réalisé à Laon, vers 750 (BNF) 


- une culture vivante :


Nous avons hérité de très peu de textes de l'époque mérovingienne car l'écriture se pratiquant sur papyrus jusqu'aux alentours de 650, la plupart de ceux-ci n'ont pas résisté à l'usure du temps. Mais quelques textes ont heureusement été recopiés sur parchemin aux siècles suivants par les copistes carolingiens, grâce à quoi nous avons aujourd'hui une vision à peu près claire de la vie intellectuelle à l'époque mérovingienne.


Nous découvrons en premier lieu une aristocratie plutôt cultivée. Les 250 comtes du siècle de Clovis savent lire et écrire. Pour eux, la lecture et l'écriture ne résultent pas seulement d'une obligation professionnelle mais aussi d'un plaisir de tous les jours. Tel comte par exemple prend la peine d'envoyer chaque jour ou presque des messages anodins à ses amis et ses proches.


On n'observe plus rien de tel au siècle de Charlemagne, trois cents ans plus tard : rares sont alors les comtes qui savent lire. La lecture et l'écriture sont devenus le privilège de quelques moines et clercs de haute naissance.


Faut-il s'en étonner ? En tentant de revenir au latin classique et de purifier la langue, l'empereur et son dévoué Alcuin vont en fait briser la continuité linguistique qui menait de Rome au royaume des Francs.


Les aristocrates mérovingiens employaient sans se formaliser le latin commun, une langue comprise d'à peu près tout le monde et à peu près aussi éloignée du latin classique que le français contemporain de la langue de François Villon.


Désormais, avec un vocabulaire puisé aux racines antiques, les clercs ne sont plus guère compris de la masse illettrée et les langues populaires vont s'éloigner du latin ecclésiastique et administratif jusqu'à devenir des langues autonomes. Les serments de Strasbourg de 842 en sont la première manifestation.


- des femmes qui en veulent :


Les femmes de l'aristocratie mérovingienne sont plus érudites que leurs maris. C'est qu'elles ont en charge l'éducation de leurs enfants et les oeuvres de piété.


Origines de la France.. Austrasie8-gobelet
Gobelet portant le nom d’une religieuse : Aughilde, abbaye d’Hamage (Nord), VIIIe siècle


Même de simples moniales issues de la petite aristocratie savent lire et écrire comme l'atteste l'émouvant gobelet ci-joint. Avec quelques autres, il vient de fouilles effectuées à l'emplacement d'un ancien monastère à Hamage (Nord). On peut lire le nom de sa propriétaire, que celle-ci a gravé avec soin, en ajoutant parfois une plaisanterie personnelle. 


Comme les femmes ont droit à une part d'héritage, à l'égal des hommes, elles peuvent être très riches et, souvent, mettent à profit cette richesse pour fonder des monastères. Elles peuvent aussi accéder au pouvoir comme veuve, ou régente au nom d'un fils en bas âge. On connaît à ce titre Brunehaut et Frédégonde, qui ont régné à la fin du VIe siècle sur l'un ou l'autre des trois royaumes francs ou les trois à la fois. Elles valent bien mieux que ne le laissent entrevoir Grégoire de Tours et Augustin Thierry.


Là aussi, rien de tel avec l'époque carolingienne. (...)
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MessageSujet: Re: Origines de la France..   Origines de la France.. Icon_minitime1Sam 4 Jan - 14:12

CLOVIS (466 - 511 )



Le barbare qui enfanta l'Occident



Clovis est l'héritier de l'un des petits royaumes barbares établis sur les ruines de l'empire romain d'Occident.



Il va rassembler sous son autorité un immense territoire, des Pyrénées à la Rhénanie et, par son baptême dans la foi catholique, il va rallier à lui les élites gallo-romaines et assurer l'avenir de sa dynastie sur le Regnum Francorum, ou royaume des Francs, qu'il aura fondé.



Origines de la France.. ClovisTolbiacPantheon

Clovis à la bataille de Tolbiac - Peinture allégorique de Pierre-Joseph Blanc - Panthéon-Paris



Des Francs aux origines obscures



En 481, Clovis (15 ans) est élu roi des Francs Saliens, un peuple germain établi de part et d'autre du Rhin, fort d'environ 200 000 personnes. À peine élu, il complète la conquête de la Gaule et bat Syagrius, un général qui s'intitule « roi des Romains » et maintient l'illusion d'une permanence de l'empire romain entre la Meuse et la Loire.



Clovis le païen découvre alors un milieu très romanisé et de religion catholique. Il est subjugué par Remi, évêque de Reims, comme le montre l'anecdote du « vase de Soissons ». En 492, après un traité avec le roi burgonde Gondebaud, Clovis épouse  Clotilde, nièce de celui-ci.



En 496, Clovis reçoit un appel à l'aide de son homologue, le roi des Francs rhénans, menacé par les Alamans, une tribu germanique à laquelle nous avons emprunté le nom de l'Allemagne. Il bat les Alamans devant la place forte de Tolbiac (en allemand, Zülpich), près de Cologne, en 496.



Clovis est poussé à se convertir par sa femme, pieuse catholique, ainsi que par l'évêque Remi et Geneviève, une sainte femme auxquels les Parisiens sont reconnaissants de les avoir préservés des Huns. Il passe enfin à l'acte deux ans plus tard, le jour de Noël.



Pour le clergé catholique, qui craignait une victoire de l'hérésie arienne, sa conversion a un caractère providentiel. « Votre foi est notre victoire ! » lui écrit Avit, évêque de Vienne, en pays burgonde... L'empereur de Constantinople, qui dirige en théorie tout l'empire romain depuis la déposition du dernier empereur d'Occident en 476, témoigne aussi de sa satisfaction en conférant au roi franc le titre symbolique de « Consul des Romains ».



Le roi des Francs tire parti de sa conversion pour achever la conquête de la Gaule. Il repousse au-delà des Pyrénées les Wisigoths qui occupent le sud de l'hexagone (l'Aquitaine).



L'ancienne Lutèce, qui a pris le nom des premiers habitants de la région, les Parisii, accède pour la première fois au statut de capitale. Et l'on ne désigne plus la région sous le nom de Gaule mais sous le nom de «Regnum Francorum» - ou royaume des Francs -, dont la postérité fera Francie puis France.



Les invasions barbares au Ve siècle

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Origines de la France.. Mini0406




Dès le IIIe siècle de notre ère, les Romains se montrent impuissants à contenir l'invasion des Germains. Ces derniers sont eux-mêmes poussés en avant par les Huns. Mais ces derniers ne font qu'une apparition dans l'empire romain à l'agonie, tandis que s'y installent définitivement les envahisseurs germains, donnant souvent le nom de leur tribu à un pays ou une province : Alamans (Allemagne), Burgondes (Bourgogne), Francs (France), Lombards (Lombardie), Vandales (Andalousie)...



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Dagobert
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MessageSujet: Re: Origines de la France..   Origines de la France.. Icon_minitime1Dim 5 Jan - 10:52

Dagobert Ier (603 - 639)


Le dernier des grands Mérovingiens


Dagobert Ier est le plus brillant des rois mérovingiens, successeurs de Clovis à la tête du Regnum Francorum (le royaume des Francs).


Origines de la France.. Dagobert
Le jeune roi Dagobert 1er reçoit la couronne des mains des évêques et nobles de Bourgogne (Grandes chroniques de France, XIVe siècle, musée municipal de Castres)


La restauration de l'unité


Son père Clotaire II, arrière-petit-fils de Clovis, a reçu à quatre mois la couronne de Neustrie, sous la régence de sa mère Frédégonde. Devenu adulte, il s'empare de l'Austrasie, partie orientale de l'empire, et en profite pour faire périr Brunehaut, rivale de sa défunte mère.


Roi de tous les Francs, il confie en 622 à son fils aîné Dagobert la couronne d'Austrasie, sous la tutelle d'Arnould, évêque de Metz, et de Pépin de Landen (leur commune descendance inaugurera un siècle plus tard la dynastie des Pippinides ou Carolingiens).


En 629, à la mort de son père, Dagobert Ier se fait reconnaître roi de Neustrie par les leudes (nobles) du royaume. Il offre à son frère cadet Charibert, en guise de compensation, le gouvernement de l'Aquitaine, entre Loire et Pyrénées, sans le titre royal.


Timides réformes


Dagobert, qui a fait de Paris sa nouvelle capitale, contribue à la création d'un régime modéré avec équilibre des pouvoirs, en rendant périodique la session de tribunaux avec jurys populaires, où il impose la présence d'un évêque ou d'un clerc, qui peut demander la reconsidération des sentences et interjeter appel.


Pour lutter contre les manipulations monétaires, sur les conseils de l'ancien orfèvre Éloi (le « bon saint Éloi » de la chanson), il centralise en son palais de Clichy la frappe des monnaies. Entouré de conseillers compétents, tels Éloi et Ouen, qui seront tous les deux canonisés, ou encore le trésorier Didier, il tient une cour fastueuse selon les canons de l'époque.


Lui-même mène une vie peu édifiante. Rempli d'assurance, il répudie en 632 Gomatrude, l'épouse que lui a donné son père à 15 ans, et épouse une simple fille de service, Nanthilde.


Une diplomatie énergique


En 631, le roi signe un traité de paix perpétuel avec l'empereur d'Orient Héraclius.


En 632, la mort de Charibert lui permet de réunifier sous son autorité tout le Regnum francorum, Bourgogne et Aquitaine comprises. La même année, le roi mène une expédition outre-Pyrénées pour détrôner le roi wisigoth Svintila et mettre un fidèle à sa place.


En 634, quand le roi de Bretagne, Judicaël se retire pour laisser le pouvoir à son fils Alain II, Éloi s'installe dans le palais des gouverneurs de Vannes pour mieux surveiller le nouveau roi. Brest devient alors un centre de construction navale et Le Mans un noeud d'échanges entre la Bretagne et la Neustrie. C'est aussi à cette époque que se développent les manufactures de toiles de Vitré et de Locronan, et les salines de Guérande et de Bourgneuf-en-Retz.


En 637, Dagobert met à la raison les Gascons révoltés. Il a plus de difficultés avec les Slaves qui occupent la Bohème.


Mais le roi compromet l'oeuvre de sa vie en donnant à l'Austrasie un nouveau roi en la personne de son fils aîné Sigebert III, à la demande des nobles locaux et notamment de ses conseillers Pépin et Arnould. Peu avant de mourir, il promet aussi à son fils Clovis II la Bourgogne et l'Aquitaine. Ainsi défait-il l'unité du Regnum Francorum, péniblement reconstituée par son père Clotaire II.


Sitôt après sa mort, à Saint-Denis, Pépin de Landen et Arnould, influents conseillers du roi, quittent Paris pour Metz. À la tête de l'Austrasie, Dagobert a placé son fils Sigebert III comme roi. Il n'a que 10 ans et les deux compères profitent de la jeunesse du nouveau roi d'Austrasie Sigebert III (10 ans) pour gouverner à sa place le royaume. Pépin, ancêtre des Pippinides et de Charlemagne, exerce la fonction officielle de « maire du palais » (ou majordome) et la transmet à son fils Grimoald (ou Grimaud).


Clovis II, l'autre fils de Dagobert, est de son côté reconnu roi de Neustrie et de Bourgogne. Lui seul conserve le titre de « roi des Francs ». Le Regnum Francorum mérovingien est à nouveau divisé et, plus gravement, ses souverains perdent le pouvoir effectif au profit de leur maire du palais. Cela leur vaudra la réputation de « rois fainéants ».


Vers une nécropole royale


Dagobert a choisi d'être enterré, non dans l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, comme ses prédécesseurs, mais dans celle de Saint-Denis, qu'il a prodigieusement enrichie, sur le lieu où repose déjà depuis 570 Arégonde, la quatrième épouse de Clotaire Ier.


Son tombeau fut reconstruit six siècles plus tard par Saint Louis. On peut encore voir, près du maître-autel, une scène de ce tombeau, où l'âme de Dagobert, sous la forme d'un enfant nu et couronné, est entraînée vers l'enfer par des démons griffus. Saint Martin et saint Denis se précipitent alors pour le libérer et le présenter au Ciel, ce qui semble suggérer que Dagobert aurait mérité l'enfer et n'a dû son salut qu'à l'intercession des saints !


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Charlemagne
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MessageSujet: Re: Origines de la France..   Origines de la France.. Icon_minitime1Lun 6 Jan - 14:32

Charlemagne (742 - 814)



L'empereur du renouveau occidental



Charlemagne est l'héritier d'une illustre famille franque originaire des environs de Liège (Belgique actuelle), les Pippinides. Il va consolider et porter à son apogée le royaume quelque peu barbare reçu de son père Pépin le Bref, lui-même fils de Charles Martel.



En près d'un demi-siècle de règne, dont la moitié consacré à la guerre, Charlemagne, assisté par des clercs passionnés, va creuser les fondations d'un nouveau monde, le nôtre. À ce titre, il fait partie des rares personnalités qui ont pesé sur le cours de l'Histoire universelle. 





La formation de l'empire carolingien



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Origines de la France.. Mini751

De Pépin le Bref à Charlemagne



Charlemagne restaure un semblant d'État sur un territoire d'environ un million de km2, peuplé d'une quinzaine de millions d'habitants, de l'Èbre (Espagne) à l'Elbe (Allemagne) et au Tibre (Italie).



De cette construction éminemment fragile, simplement unie par la foi catholique et l'allégeance au pape, vont surgir les grands États qui vont faire la grandeur de la civilisation européenne au millénaire suivant...



«Carolus, Magnus Rex»



À la mort de leur père, en 768, Charles et son jeune frère Carloman héritent chacun d'une part du royaume. Heureusement, si l'on peut dire, la mort prématurée de Carloman, trois ans plus tard, permet à Charles (29 ans) de refaire l'unité du royaume des Francs.



Origines de la France.. Charlemagne

Statuette dite de Charlemagne à cheval (bronze, IXe siècle,  musée du Louvre)



Intelligent et énergique, il n'a de cesse de s'instruire. Il apprend le latin auprès des meilleurs clercs de son temps, dont le plus connu est le moine anglais Alcuin, à l'origine de la «renaissance carolingienne» et du retour en force du latin dans la culture occidentale.



Comme il n'y a plus depuis longtemps d'administration fiscale ni d'impôts, Charles subvient à ses besoins et à ceux de sa cour en se déplaçant de l'une de ses résidences à la suivante et en vivant sur les ressources locales.



À la fin de sa vie, comme il souffre de rhumatismes, le roi établit sa résidence principale près d'une source thérapeutique, en Rhénanie, en un lieu qui s'appellera Aix-la-Chapelle (Aachen en allemand).



Charles divise son royaume en comtés, sous l'autorité d'un compagnon du roi (du latin comes, comitis, dont nous avons fait comte) et en 250 entités de base du nom de «pagi», d'après le mot latin pagus qui désigne une circonscription rurale (en France, beaucoup de ces pagi sont devenus à la Révolution des départements).



Pour éviter les abus de pouvoir des seigneurs locaux, Charles délègue fréquemment ses proches dans les pagi. Ces représentants, ou missi dominici (en latin, envoyés du maître) vont deux par deux et se surveillent l'un l'autre ! L'un est un comte et l'autre un évêque.



Le roi légifère beaucoup, pour améliorer la gestion quotidienne des domaines agricoles, pour imposer les réformes ecclésiastiques et conformer les moeurs - en particulier le mariage - aux canons chrétiens.



En rupture avec la tradition orale antérieure, il a soin de mettre par écrit les lois et ordonnances pour mieux en assurer l'application. Ses textes juridiques sont appelé «capitulaires» parce qu'ils sont divisés en articles ou chapitres - comme les lois actuelles -.



Attentif aux affaires religieuses, Charles, très pieux, s'honore aussi de soutenir le pape, chef de la chrétienté occidentale.



Celui-ci a besoin d'être protégé contre les Lombards établis au siècle précédent dans la plaine du Pô. Or, il ne peut compter sur son protecteur habituel, le basileus qui règne à Constinople sur l'empire romain d'Orient, car celui-ci a bien d'autres préoccupations en tête (agressions arabes, querelles autour de l'iconoclasme, luttes de palais...).



Des guerres sans fin



Le règne personnel de Charles 1er, très long (44 ans), est une suite incessante de guerres contre les Saxons païens de Germanie, les Bretons et les musulmans d'Espagne, qui menacent son royaume sur ses frontières, ainsi que contre les Lombards qui menacent le pape. Le roi ne passe pratiquement pas un été sans combattre et ce, dans toutes les directions. 



- Charles fait la guerre aux Lombards :



Origines de la France.. Pepin2

Charlemagne s'entretient avec son fils Pépin, roi d'Italie



À l'appel du pape Adrien 1er, menacé par ses voisins lombards, le roi franchit les cols alpins et, le 16 juin 774, après un très long siège, entre dans Pavie, la capitale des rois lombards (près de Milan).



Il dépose le roi Didier et ceint la «couronne de fer» des rois lombards (ainsi appelée parce que son armature intérieure viendrait d'un clou en fer de la croix du Christ).



Il prend dès lors le titre de «roi des Francs et des Lombards» et donne à l'un de ses fils, Pépin, le titre inédit de roi d'Italie.



Il profite de l'occasion pour effectuer son premier pèlerinage à Rome, histoire d'entretenir les bonnes relations entre sa dynastie et le Saint Siège. Bien entendu, il est reçu avec tous les égards par le pape dans son palais du Latran.



- Charles fait la guerre aux Saxons :



Comme le roi des Francs dispose d'une armée redoutable mais peu nombreuse, au maximum 50.000 à 100.000 combattants pour tenir un territoire grand comme deux fois la France actuelle, il se montre impitoyable avec ceux qui lui tiennent tête, pour leur ôter l'envie de continuer, et conciliant avec ceux qui se soumettent. 



Origines de la France.. Guerrier

Aristocrate carolingien (fresque de l'église Saint-Benoît de Malles, Italie)



En 772, il se jette sur les Saxons, redoutables guerriers germains - et païens - qui, depuis l'époque de Clovis, n'en finissent pas de harceler le royaume des Francs. Ils peuplent les forêts qui s'étendent entre la mer du Nord et l'Elbe (ce qui correspond au Land actuel de Basse-Saxe).



Une deuxième campagne en 775 aboutit à un baptême de masse à Paderborn, au coeur de la Saxe. 



Mais cela n'y fait rien. Un chef prestigieux, Widukind (le Vercingétorix saxon !), soulève son peuple en 778. 



Les Francs reprennent le chemin de la guerre. Pour ne pas perdre leur avantage, ils restent sur place certains hivers au lieu de se démobiliser comme de coutume, profitant de ce que les marais sont pris par les glaces et les forêts dénudés et impropres à cacher les ennemis.



Surtout, ils pratiquent des méthodes de plus en plus brutales. En 782, après qu'une armée franque eut été écrasée sur la rive orientale de la Weser, Charles fait décapiter 4.500 prisonniers saxons à Verden, au sud de Brême.



En dépit de la reddition de Widukind en 785, les rébellions continuent. Elles ne prendront fin qu'en 804 après plusieurs campagnes supplémentaires et des déportations de populations.



Par un capitulaire publié en 785, le roi des Francs annonce : «(...) Tout Saxon non baptisé qui cherchera à se dissimuler parmi ses compatriotes et refusera de se faire administrer le baptême sera mis à mort». Dont acte.



- Charles fait la guerre aux Arabes d'Espagne :



Au sud des Pyrénées, après un échec devant Saragosse, en 778, Charlemagne doit rentrer dare-dare en raison d'une nouvelle sédition saxonne. Son arrière-garde essuie un revers dans le col de Roncevaux. 



Il arrive néanmoins à constituer une Marche d'Espagne tout au long des Pyrénées, afin de simplement protéger son royaume contre les agressions musulmanes. C'est le début de la «Reconquista» espagnole.



- Charles fait la guerre aux Avars :



En 796, l'armée franque fond sur le «Ring», la résidence du Khagan, le chef des redoutables Avars, des nomades d'origine turque établis dans la plaine du Danube. Cela leur vaut de récupérer de fabuleux trésors : quinze chariots remplis d'objets en métal précieux qui vont décorer Saint-Pierre de Rome et d'autres grandes églises, et surtout rémunérer les compagnons du roi.



La consécration



Lors d'un nouveau voyage en Italie, à la Noël 800, le pape confère à Charles le titre inédit d'«Empereur des Romains». Pour les contemporains, il s'agit rien moins que de restaurer l'empire romain, après une longue parenthèse (en Occident) et à un moment où (en Orient) le trône de Constantinople est vacant ou tout comme. N'est-il pas occupé par une femme, une usurpatrice, l'impératrice Irène ?



Les clercs de la cour de Charles 1er prennent dès 773 l'habitude de désigner le roi des Francs du qualificatif latin de Carolus Magnus. Il s'agirait d'une abréviation de «Carolus, Magnus Rex» (Charles, le grand Roi), devenue «Charlemagne» dans la langue populaire et, en allemand, Karl der Grosse (*).



Mais en dépit de son prestige, l'empire carolingien laisse déjà entrevoir des signes de faiblesse. Avec la pacification des frontières et l'arrêt des conquêtes, il n'y a plus de butin pour assurer la fidélité des seigneurs. Qui plus est se font jour de nouvelles menaces avec les premières incursions de Vikings sur les côtes de la mer du Nord.



Charlemagne meurt dans son palais d'Aix-la-Chapelle le 28 janvier 814, à 71 ans. Il est inhumé dans la chapelle palatine le jour même. L'embryon d'État qu'il a fondé disparaît peu après sa mort. De ses cendres va surgir la société féodale.



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Des Pippinides aux Carolingiens
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MessageSujet: Re: Origines de la France..   Origines de la France.. Icon_minitime1Lun 6 Jan - 21:29

merci mimi
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MessageSujet: Re: Origines de la France..   Origines de la France.. Icon_minitime1Mer 8 Jan - 14:51

Des Pippinides aux Carolingiens


Les Pippinides (nom dérivé du prénom Pépin) sont une illustre famille franque des VIIe et VIIIe siècles, qui prospère dans l'ombre des rois mérovingiens, les descendants de Clovis. Ces derniers règnent sur les royaumes issus du partage du Regnum Francorum (le royaume des Francs) ; principalement l'Austrasie, la Neustrie, la Bourgogne et l'Aquitaine.


Des Pippinides sont issus Charles Martel, maire du palais d'Austrasie, son fils Pépin le Bref, roi des Francs, et surtout Charlemagne, empereur d'Occident. Du fait de ce dernier, les souverains de la famille sont plus communément connus sous le nom de Carolingiens. Se substituant aux rois mérovingiens, ils règneront sur l'Europe occidentale jusqu'à l'approche de l'An Mil. 


Avec eux, le centre de la civilisation occidentale se déplace des rivages de la Méditerranée vers le Rhin. C'est en bonne partie la conséquence des invasions musulmanes qui ont brisé l'unité du monde antique, selon la formule de l'historien belge Henri Pirenne : « Sans l'islam, l'Empire franc n'aurait sans doute jamais existé, et Charlemagne sans Mahomet serait inconcevable ».






De Pépin le Bref à Charlemagne
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 Origines de la France.. Mini751


Les Pippinides vont rénover l'ancien royaume franc de Clovis, qui s'étendait des Pyrénées à la Rhénanie. Leur plus illustre rejeton, Charlemagne, va jeter aux orties ce qui restait en Occident de l'héritage romain et, sans en avoir conscience, engendrer dans la douleur un monde nouveau, tourné vers la mer du Nord, appuyé sur l'Église de Rome et dirigé par une noblesse guerrière unie par un vigoureux réseau de liens familiaux et vassaliques.


Origines de la France.. Pepinsacre
Pépin le Bref est couronné à Soissons par saint Boniface (Musée des Arts décoratifs, Paris)


Une prudente et irrésistible ascension


À l'origine du lignage se trouvent Saint Arnould, évêque de Metz, et Pépin de Landen. Le premier est possessionné dans le pays de Woëwre, entre Metz et Verdun. Il vit comme « domesticus » à la cour du roi d'Austrasie Théodebert II, avant de devenir évêque en 612. Le second est riche en terres dans les Ardennes, le Namurois et le Brabant. Il dispose aussi d'une grande clientèle.


En 613, Arnould et Pépin font alliance avec la noblesse austrasienne et le roi de Neustrie Clotaire II. Ils participent à la défaite et à l'exécution de leur ennemie commune, la vieille reine Brunehaut. En récompense, ils deviennent conseillers de Dagobert, fils de Clotaire II, lorsqu'il est nommé roi d'Austrasie par son père en 623. En 629, à la mort de Clotaire II, Dagobert 1er se fait également reconnaître roi de Neustrie par les leudes (nobles) du royaume. Pépin et Arnould le suivent alors à Paris, sa nouvelle capitale.


L'évêque et le seigneur consolident leur alliance en 635 par un mariage, celui de Begga, fille de Pépin, et d'Ansegisel, fils d'Arnould.


Après la mort de Dagobert en 639, Pépin reprend en Austrasie sa fonction de maire du palais et la transmet à son fils Grimoald. Celui-ci est déjà tenté par le titre royal. Il fait adopter son propre fils Childebert par le roi Sigisbert II, fils de Dagobert, et à sa mort, en 656, tente de le faire admettre comme nouveau roi d'Austrasie. La tentative échoue et Grimoald et Childebert sont livrés aux Neustriens.


Averti par ce précédent malheureux, le fils de Begga et d'Ansegisel, Pépin II de Herstal (une localité proche de Liège), consolide prudemment ses positions autour de la basse Moselle et de la Sarre, en épousant Plectrude, la fille d'un comte influent de la région.


Peu après l'assassinat du maire neustrien Ebroïn (680), il participe à la victoire de l'aristocratie austrasienne sur les Neustriens à Tertry, non loin de Saint-Quentin, en 687.


Le Regnum Francorum étant provisoirement réunifié, Pépin II devient le maire du palais de Thierry II. Énergique, il mène des campagnes contre les Saxons, les Frisons et les Alamans. Il gouverne avec ses fils légitimes mais voit ceux-ci le précéder dans la mort !


Charles Martel


Quand il meurt, le 16 décembre 714, à Jupille, il n'a pas de fils légitime susceptible de lui succéder comme maire du palais. Les nobles neustriens décident alors de prendre leur revanche sur les Austrasiens avec le concours de Plectrude, veuve de Pépin II de Herstal, qui souhaiterait hisser sur le trône son petit-fils (par précaution, elle fait enfermer un certain Charles, bâtard de Pépin II, mais celui-ci s'échappe et prend les armes...).


Les Neustriens tirent d'un couvent un prétendu mérovingien et le proclament roi sous le nom de Chilpéric II. À sa mort, en 721, Charles en profite pour arracher un nouveau mérovingien d'un couvent et le proclamer roi de Neustrie et d'Austrasie sous le nom de Clotaire IV. Le roi fait de lui le maire du palais.


Le nouvel homme fort du royaume des Francs justifie sa réputation en soumettant la Thuringe, l'Alémannie, l'Aquitaine et la Bavière, puis en arrêtant en 732, près de Poitiers, une razzia arabe, enfin en soumettant brutalement la Septimanie (le Languedoc) et la Provence. Il y gagne le surnom de Charles Martel (celui qui frappe comme un marteau).


Le maire du palais cultive par ailleurs de bonnes relations avec l'Église et encourage les efforts missionnaires de Saint Boniface en Germanie.


L'élimination des « rois fainéants »


Les héritiers de Clovis n'ont plus guère qu'une autorité symbolique si l'on en croit du moins un chroniqueur carolingien postérieur : « Le roi n'avait plus, en-dehors de son titre, que la satisfaction de siéger sur son trône, avec sa longue chevelure et sa barbe pendante (...). L'administration et toutes les décisions (...) étaient du ressort exclusif du maire du palais » (Eginhard, Vie de Charlemagne, vers 830). De ce texte viendrait leur surnom de « rois fainéants », sans doute quelque peu exagéré.


À la mort du roi mérovingien, en 737, Charles ne se presse pas de lui désigner un successeur. Lui-même, à la veille de sa disparition, le 22 octobre 741, dispose du royaume en faveur de ses fils Carloman et Pépin le Bref. Le premier reçoit l'Austrasie, la Thuringe et l'Alémanie, le second la Neustrie, la Bourgogne et la Provence.


En 743, les deux Pippinides se décident à installer un nouveau Mérovingien sur le trône, Chilpéric III. En 747, Carloman se retire au monastère du Mont Cassin. Pépin le Bref n'a plus qu'à tendre la main pour ceindre la couronne. C'est chose faite en 754, avec l'accord du pape Zacharie. Le dernier Mérovingien est tonsuré et enfermé dans le monastère de Saint-Omer.




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La société carolingienne
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MessageSujet: Re: Origines de la France..   Origines de la France.. Icon_minitime1Dim 12 Jan - 9:05

719 à 924


La société carolingienne


L'époque carolingienne s'étend sur deux siècles, les VIIIe et IXe siècles. Elle doit son nom à Charlemagne, empereur d'Occident (carolingien vient de son nom latin, carolus).


Sous son autorité, le vieux monde, tiraillé entre la nostalgie du passé romain et les horreurs barbares du présent, s'est épousseté et donné les moyens d'une renaissance.


Les derniers feux de l'Antiquité


L'Antiquité s'est prolongée dans le monde occidental (l'Europe et les rives de la Méditerranée) jusqu'au VIIe siècle. Sous Clovis et les premiers rois mérovingiens de sa descendance, la Gaule vit encore à l'heure romaine.


Origines de la France.. Charlemagne
Portrait imaginaire de Charlemagne, par Albert Dürer (XVIe siècle)


Les villes conservent toute leur importance, quoique l'insécurité et les invasions les aient considérablement amoindries. Dans ces villes résident les détenteurs du pouvoir civil et religieux, comtes et évêques.


Dans ces villes se concentrent aussi l'artisanat, le commerce et ce qui reste d'activité intellectuelle. Grâce à elles se maintiennent des courants d'échanges entre l'Orient et l'Occident, via la mer Méditerranée.


Tout change au cours du VIIe siècle (après l'an 600) avec l'irruption de cavaliers exaltés par une nouvelle foi, l'islam, et la scission du monde méditerranéen en trois blocs antagonistes : l'empire arabo-musulman, l'empire byzantin, enfin, l'empire d'Occident ou empire carolingien.


Ce dernier est le résultat de la rénovation de l'ancien royaume franc de Clovis, qui s'étendait des Pyrénées à la Rhénanie, par une illustre famille franque des environs de Metz, les Pippinides (de Pépin, nom d'un ancêtre), plus tard appelés Carolingiens (de Charlemagne, son plus illustre rejeton).


Un monde nouveau


Dans leur ascension, les Pippinides bénéficient de l'appui du pape, évêque de Rome, qui ne peut plus compter sur la protection de l'empereur byzantin, trop occupé par ailleurs à guerroyer contre les musulmans.


Les Pippinides eux-mêmes ne ménagent pas leur soutien à la papauté. Dès le règne de Pépin le Bref (grand-père de Charlemagne), ils organisent de nombreux conciles pour réformer les institutions ecclésiastiques. Les évêques jouent un rôle déterminant dans la société carolingienne car ils conseillent le souverain.


C'est ainsi qu'émerge chez certains clercs, tel le moine anglais Alcuin, l'idée de restaurer un empire romain en Occident. Charlemagne se laisse convaincre et il est couronné par le pape Léon III à Rome en l'an 800.


À la différence de l'ancien empire romain, où les sujets se reconnaissaient par la soumission à une même loi, ce qui fait l'unité du nouvel empire d'Occident est l'appartenance commune à la chrétienté occidentale, dirigée par le pape.


La diversité ethnique de l'empire n'est pas remise en cause et chaque groupe ou peuple conserve ses lois propres. À noter aussi que l'empire reste dominé par les Francs. On qualifie même le peuple franc d'«élu de Dieu», sans connotation raciste, sa supériorité militaire étant le fruit de sa piété.


Renaissance carolingienne et latin


Bien qu'illettré et de langue germanique, Charlemagne s'inquiète de la disparition du latin dans l'empire d'Occident en lequel il veut voir une prolongation de l'ancien empire romain ! Il fait donc venir des lettrés de tous horizons. Le plus important est un moine d'Angleterre, le savant Alcuin. Il impose la création d'une école par diocèse et par monastère. Il lance des programmes de copie des manuscrits antiques.


Origines de la France.. LivdeKellsDublin800
Monogramme du Christ (livre de Kells, manuscrit irlandais de l'an 800),Trinity College, Dublin


Les moines d'Irlande, qui ont pieusement conservé la pratique du latin à l'abri des invasions et des troubles, apportent leur concours à Alcuin dans les différentes abbayes du continent.


C'est ainsi que l'usage du latin va à nouveau s'épanouir dans tous les milieux cultivés d'Occident...


On trouve les traces de son retour dans les langues modernes avec des mots à deux racines. Par exemple, eau est une déformation populaire ancienne du latin aqua tandis qu'aquatique est une création savante tardive de la renaissance carolingienne, plus proche de la racine latine.


Les moines copistes de l'époque carolingienne inventent aussi une écriture cursive qui leur permet de travailler plus vite qu'avec l'écriture en capitale héritée des Romains. Cette écriture proche de nos minuscules actuelles est dite «caroline» en l'honneur de Charlemagne. Les serments de Strasbourg (842) en offrent un bon exemple.
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MessageSujet: Re: Origines de la France..   Origines de la France.. Icon_minitime1Dim 12 Jan - 9:19

Saint Louis (1214 - 1270)


L'apogée de la France capétienne


Le XIIIe siècle français est souvent qualifié à juste titre de « Siècle de Saint Louis ».


Né à Poissy le 25 avril 1214, le roi est monté sur le trône sous le nom de Louis IXà l'âge de douze ans. Il a régné près de quarante-quatre ans jusqu'à sa mort devant Tunis, le 25 août 1270.


Durant cette longue période, il a porté le royaume capétien à son maximum de prestige, ce qui lui a valu de devenir, sous le nom de Saint Louis, le roi le plus aimé des Français, tant sous la monarchie que sous la République.


La France à l'avènement de Saint Louis (1226)
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La France à l'avènement de Saint Louis, 1226 (carte : Herodote.net)


Le royaume capétien se renforce de façon spectaculaire sous le long règne de Philippe Auguste (1179-1223). Trois ans plus tard, à l'avènement de son petit-fils Louis IX, futur Saint Louis, c'est le plus puissant État de la chrétienté occidentale, voire de toute l'Europe. Mais c'est encore un État de type féodal.


Au sommet de la hiérarchie sociale, le roi administre en propre son domaine, par l'intermédiaire de ses baillis et ses sénéchaux. Il en tire l'essentiel de ses revenus. Il reçoit également des redevances féodales de ses vassaux. Ces vassaux et leurs propres vassaux, jusqu'aux degrés inférieurs de la pyramide féodale, lui doivent aussi le service militaire. Parmi eux, le roi d'Angleterre tient une place à part, car il fait allégeance au roi de France pour ses fiefs continentaux mais est aussi un roi à part entière.


Le modèle du roi chrétien


Chevalier courageux et combatif, souverain habile et sage, mari empressé autant que fidèle, profondément pieux, Louis IX apparaît comme le modèle du roi chrétien tel que se le représentaient les hommes du « beau Moyen Âge » (XIIe-XIIIe siècles).


Origines de la France.. Saintlouis_sacre
Saint Louis en majesté, avec la main de justice (miniature de la fin du XIIIe siècle, Archives nationales)


Son règne est très nettement segmenté en deux périodes :


La première est une longue phase d'apprentissage, auprès de sa mère Blanche de Castille et des anciens conseillers de son père et de son grand-père, jusqu'en 1242.


La seconde se révèle à partir de  son retour de Terre Sainte, en 1254, après six ans d'absence.


Il se montre alors tout entier tendu vers la sainteté, même s'il ne la cherche pas expressément.


Dans sa vie privée, il témoigne d'une austérité à toute épreuve, se restreint sur la bonne chère et le vin, porte un cilice (vêtement de crin) à même la peau pour se mortifier, se fait fouetter le vendredi en souvenir de la mort du Christ, soigne et lave  les pauvres, ne craint pas de nourrir lui-même des lépreux... 


Dans sa vie publique, il privilégie en toutes choses la conciliation et le droit du plus faible, ce qui ne l'empêche d'agir en fin politique, avec fermeté et sans naïveté aucune, conscient des intérêts de son royaume. Il n'y a guère qu'à l'évocation des croisades qu'il perd le Nord...


Le roi met fin à la première « guerre de Cent Ans » contre l'Angleterre ainsi qu'à la croisade contre les Albigeois. Il régularise les relations entre la France et l'Aragon. Il remet enfin à leur place les turbulents féodaux et modernise l'administration.


Sous son règne, Paris devient la ville la plus prestigieuse de la chrétienté occidentale avec son Université et ses monuments (Sainte Chapelle, Notre-Dame). Les foires de Champagne, entre Flandres et Lombardie, stimulent le commerce et la naissance d'une bourgeoisie urbaine active et entreprenante.


Sans surprise, son procès en canonisation est engagé deux ans à peine après sa mort, au vu des miracles et guérisons accomplis auprès de son tombeau. En 1297, au terme d'une longue enquête, le pape Boniface VIII range Louis IX au rang des saints de l'Église catholique.


Le 25 août, anniversaire de sa mort, devient sa fête canonique. Le roi de France est l'un des premiers laïcs à être canonisé, l'Église ayant jusque-là canonisé seulement des religieux. 


Du point de vue des gens du XXIe siècle, on peut simplement reprocher au roi son attitude envers les juifs (et son entêtement à relancer les croisades).


Origines de la France.. BlanchedeCastille
Blanche de Castille et son fils Saint Louis (Bible de Saint Louis, Tolède)


La chrétienté occidentale au milieu du XIIIe siècle
Cliquez pour agrandir


Origines de la France.. Mini1250
La chrétienté occidentale au milieu du XIIIe siècle (carte : Herodote.net)


Le XIIIe siècle, aussi appelé « siècle de Saint Louis », voit l'émergence d'une nouvelle civilisation urbaine. Les villes ne sont plus le lieu de résidence d'une classe dirigeante improductive, comme sous l'Antiquité, mais le foyer d'activités intenses et d'échanges commerciaux et intellectuels qui irriguent les campagnes et toute la société. Ainsi en va-t-il de Paris et Montpellier comme des cités italiennes ou des villes de la Hanse, autour de la mer Baltique.


La chrétienté occidentale s'épanouit dans l'art gothique tandis que les Mongols de Gengis Khan entraînent l'Europe orientale dans une profonde régression sociale. En Espagne, la Reconquista catholique entre dans sa dernière phase. Au centre de l'Europe, le Saint Empire est paralysé par une crise dynastique majeure, le Grand Interrègne. Plus à l'Est, les chevaliers Teutoniques entament une entreprise de colonisation allemande sous couvert d'évangélisation. C'est le « Drang nach Osten ». À Constantinople, les Grecs chassent les Latins et restaurent un empire byzantin croupion.


Triomphe du roi chrétien


Par sa mère Blanche de Castille, le roi est l'arrière-petit-fils d'Henri II et Aliénor d'Aquitaine. Il n'a que 12 ans quand il succède à son père et c'est sa pieuse mère qui prend alors en main les destinées du royaume avec le titre de « baillistre » (régente, d'après le vieux français baillir, synonyme d'administrer). Louis IX lui laisse les rênes du gouvernement à sa mère jusqu'en 1242, ne les reprenant que pour combattre une ultime révolte féodale.


En 1247, à la veille de partir en croisade, le roi décide de mettre en paix sa conscience en corrigeant les torts que ses officiers ont pu causer à son insu. Sur son ordre, des enquêteurs se rendent deux par deux dans tous les baillages et sénéchaussées du domaine royal, de la Picardie au bas-Languedoc, en vue de recueillir les doléances des habitants contre les agents du roi. En cas de biens mal acquis, les officiers royaux sont tenus de faire des restitutions sur leurs biens propres.


Ainsi que le souligne Marie Dejoux, première historienne à avoir analysé ces enquêtes de manière méthodique (Les enquêtes de Saint Louis, gouverner et sauver son âme, Le noeud gordien, 2014), c'est une entreprise sans précédent et qui, très audacieuse, ne sera jamais renouvelée. Le roi, en bon chrétien, assure de la sorte son salut personnel mais il réalise aussi une opération de communication magistrale qui va garantir pour plusieurs siècles l'attachement du peuple à la monarchie, garante de ses droits face à l'arbitraire de l'administration et de la noblesse. On en retrouvera un lointain écho dans les cahiers de doléances de la Révolution.


Le roi inaugure à Paris la Sainte Chapelle. Ce chef d'oeuvre de l'art gothique est destiné à abriter de saintes reliques acquises à prix d'or par le souverain. Pour le futur Saint Louis, l'acquisition des reliques et la construction de la Sainte Chapelle sont certes affaire de piété. Elles sont aussi le fruit d'une habile politique visant à faire de Paris une cité comparable, en prestige et en sainteté, à Rome et Jérusalem. Cette politique est servie par le dynamisme et le rayonnement de l'Université de Paris où enseigne son ami Saint Thomas d'Aquin (1225-1274), qui tente de concilier la pensée d'Aristote et la foi chrétienne.


Dans son souci de moraliser le royaume, le roi sévit par ailleurs contre les guerres privées, les duels judiciaires, mais aussi l'adultère et la prostitution.


À l'apogée de son règne, fort de sa réputation de souverain juste et équitable, Louis IX est choisi comme arbitre par les autres souverains d'Europe. C'est ainsi qu'à Amiens, en 1264, il intervient dans un conflit entre le roi Henri III d'Angleterre et ses barons. (...)
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MessageSujet: Re: Origines de la France..   Origines de la France.. Icon_minitime1Mer 15 Jan - 16:03

Philippe IV le Bel (1268 - 1314)

Un roi administrateur



Philippe IV le Bel, petit-fils de saint Louis, peut être considéré comme le véritable fondateur de l'État national. Avec lui, la monarchie échappe à l'emprise du pouvoir religieux et s'écarte des traditions féodales en se dotant d'une administration moderne.



En près de trente ans, le roi va renforcer l'administration du royaume avec le concours de conseillers issus de la bourgeoisie. Soucieux de consolider son autorité, il ne craindra pas aussi de s'opposer au pape, jetant les bases de la laïcité et de la séparation de l'Église et de l'État. Enfin, il aura soin de consolider les frontières face à ses rivaux, le roi d'Angleterre, qui est aussi duc de Normandie, et le titulaire du Saint Empire.



https://vimeo.com/134394475

Les Rois maudits - Le roi de fer,  source : INA



Philippe le Bel ? Une statue !



Origines de la France.. PhilippeleBel

masque mortuaire de Philippe IV le Bel



Le gisant ci-contre du tombeau de Philippe IV le Bel (basilique de Saint-Denis) peut être considéré comme ressemblant car l'habitude a été prise avec Philippe III son père d'exécuter le gisant d'après un moulage du visage du souverain défunt.



« Notre roi ressemble au grand duc, le plus beau des oiseaux, mais qui ne vaut rien. Il ne sait que regarder fixement les gens, sans parler. Ce n'est ni un homme ni une bête. C'est une statue », disait de Philippe le Bel son ennemi, l'évêque Bernard Saisset !



Échec en Flandre



Philippe devient roi à 17 ans, le 5 octobre 1285, à la mort de son père Philippe III le Hardi, victime du typhus à Perpignan au retour d'une catastrophique expédition contre l'Aragon.



Il a été marié l'année précédente à Jeanne de Navarre (12 ans), qui lui a apporté en dot la Champagne et la Brie. Il lui restera toujours fidèle et les deux époux se voueront toute leur vie respect et amour. Ils sont sacrés à Reims le 6 janvier 1286, selon la tradition capétienne.



D'emblée, quand il monte sur le trône, le jeune souverain manifeste déjà une autorité qui rappelle son grand-père saint Louis plutôt que son père, le terne Philippe III. Mais tout au long de son règne, il va rechercher les conflits plutôt qu'il ne va les éviter à la différence de Saint Louis, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur.



Ainsi prend-il prétexte d'une rixe entre marins français et anglais à Bayonne, en 1292, pour citer devant la cour son vassal le duc de Guyenne, qui n'est autre que le roi d'Angleterre, et lui confisquer son duché le 19 mai 1294.



Le conflit tourne au désavantage de la France lorsque le comte de Flandre, Guy de Dampierre, vassal du roi capétien, prend le parti de l'Anglais. C'est que ses sujets, habitants d'Anvers ou de Bruges, sont de plus en plus liés avec les éleveurs de moutons anglais auxquels ils achètent la laine pour alimenter leurs ateliers de tissage.



Philippe le Bel fait occuper la Flandre. Mais il ne s'en tient pas là. Il attire par ruse le comte à Paris, le séquestre et confie l'administration de ses terres à Jacques de Châtillon. Par ses maladresses, celui-ci s'aliène très vite les habitants. C'est ainsi que le 18 mai 1302, les habitants de Bruges massacrent la garnison française. Ces « Mâtines de Bruges » (par analogie avec les Vêpres siciliennes) sont suivies d'une défaite de la chevalerie française à Courtrai le 11 juillet 1302. Le roi capétien prendra sa revanche à Mons-en-Pévèle le 17 août 1304.



De ce conflit date la scission actuelle de la Flandre, le nord s'émancipant de la suzeraineté capétienne, le sud (Lille, Douai, Béthune) étant livré à Philippe le Bel par le traité d'Athis-sur-Orge, le 24 juin 1305, conclu avec le comte Robert de Béthune.



Impopulaires impôts



Philippe le Bel a besoin d'argent pour poursuivre la guerre contre les Flamands et maintenir le train de vie de l'État malgré quelques signes de dépression économique. Il ne lui suffit pas de dévaluer la monnaie ni de dépouiller les juifs et les banquiers lombards. Il crée aussi de nouveaux impôts, tel celui sur les ventes que le peuple surnomme la « maltôte » ou mal levé. Le mot finira par désigner tout impôt illégitime.



Pour élaborer ses décisions et faire passer ses réformes, le roi s'appuie sur un Conseil composé de personnes qu'il choisit en fonction de leurs compétences. Ce sont généralement des juristes pétris de droit romain. Issus de la bourgeoisie, ils sont dévoués au roi, auquel ils doivent tout. Les grands féodaux, jaloux, ne manquent pas d'attiser contre eux le ressentiment populaire.



À partir de 1302, le roi prend aussi l'initiative de réunir à Notre-Dame des représentants du clergé, de la noblesse et des bourgeois pour obtenir leur acquiescement à ses réformes et ainsi faire passer celles-ci plus aisément. Ces réunions occasionnelles préfigurent les « états généraux » (les derniers seront réunis en 1614 et 1789).



Philippe le Bel commence par ailleurs à organiser son administration et constituer des services spécialisés. C'est ainsi que prend forme le « Parlement » ébauché par son grand-père. Il siège à Paris et traite les affaires judiciaires en appel. Il crée une Chambre des Comptes chargée de contrôler la gestion des officiers royaux. Il confie à ses proches conseillers Pierre Flote puis Guillaume de Nogaret la garde du Sceau royal au sein d'une chancellerie. À eux revient l'enregistrement et l'expédition des actes royaux. Issus de la petite bourgeoisie, ces « petites gens du conseil du roi » sont appelés légistes parce que spécialistes du droit romain. Leur objectif constant est le renforcement de l'autorité royale (« Le roi est empereur en son royaume » selon la formule de Philippe Auguste).



Le petit-fils de Saint Louis en conflit avec le pape



Le roi lève en 1295 un impôt occasionnel sur le clergé, la « décime » avec le concours de son chambellan, l'habile Enguerrand de Marigny. Le clergé s'incline, bien que le roi se soit dispensé de demander l'autorisation au pape de lever cet impôt. Il est vrai que l'on ne saurait rien refuser au petit-fils du pieux Louis IX, d'autant que celui-ci est canonisé par le pape Boniface VIII le 11 août 1297.



Cela n'empêchera pas le roi d'entrer en conflit avec la papauté pour une absurde affaire liée à quelques insultes proférées par l'évêque de Pamiers Bernard Saisset à son égard. Il fait arrêter l'évêque le 12 juillet 1301. L'année suivante, le pape Boniface VIII proteste et menace d'excommunication Philippe IV.



Origines de la France.. Philippe4_messager_BN

Philippe IV le Bel recevant un messager



Guillaume de Nogaret, fidèle serviteur du roi, se rend en Italie en vue de destituer le pape. La rencontre a lieu le 8 septembre 1303, à Anagni, au sud de Rome. Elle tourne mal. On parle d'un «attentat» contre la personne du pape, qui aurait été souffleté.



Cet événement marque une rupture avec le XIIIe siècle, siècle chrétien par excellence durant lequel les gouvernements se soumettaient bon gré mal gré aux exigences du pape. Philippe IV le Bel se pose en précurseur du gallicanisme et de la laïcité, autrement dit de la séparation de l'Église et de l'État.



Le pape meurt quelques semaines plus tard et, le 5 juin 1305, c'est un Français qui monte sur le trône de Saint-Pierre sous le nom de Clément V, à l'instigation de Philippe le Bel. Empêché de s'installer à Rome pour cause de troubles dans la Ville éternelle, il se fixe à Avignon, à la frontière avec la France. Cette résidence provisoire va se prolonger jusqu'en 1376.



La grande affaire du règne est l'arrestation des Templiers le vendredi 13 octobre 1307. Ces moines-soldats, depuis la fin des croisades, vivent en France de leurs rentes. L'opinion ne les aime guère et le roi lorgne sur leurs biens. Après leur arrestation, ils sont torturés, jugés et condamnés. Les derniers, dont le grand maître Jacques de Molay, sont brûlés en 1314 à l'extrémité de l'île de la Cité, à Paris. Quelques semaines plus tard meurent à leur tour le pape qui les a abandonnés et le roi qui les a fait condamner.



Bon ordre apparent



La fin du règne est altérée par le scandale de la Tour de Nesle et la révélation de l'adultère des belles-filles du roi... Mais le royaume, à la mort du roi, le 29 novembre 1314, paraît en ordre et plus puissant que jamais.



Jean Brillet 



https://vimeo.com/134206968

Les Rois maudits - Le roi de fer,  source : INA
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MessageSujet: Re: Origines de la France..   Origines de la France.. Icon_minitime1Mer 15 Jan - 17:27

Un grand merci mimi.
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MessageSujet: Re: Origines de la France..   Origines de la France.. Icon_minitime1Ven 17 Jan - 9:10

Merci Basile...

La dynastie des Valois règne sur la France de 1328 à 1589.



C'est une branche des Capétiens, issue de Charles, le frère de Philippe IV le Bel, comte de Valois. Elle s'inscrit dans une parfaite continuité de la branche aînée, marquée par les luttes intestines, les guerres et surtout la lutte contre les Anglais, avec le début de la guerre de Cent Ans.



Le fils aîné de Charles de Valois prend la succession de Charles IV le Bel en 1328 et devient Philippe VI de Valois, le premier des Valois à occuper le trône de France.



Mais la branche des Valois se divise elle-même en plusieurs branches : Valois directs (ils règnent sur le royaume de France de 1328, avec Philippe VI de Valois, à 1498, date de la mort de Charles VIII), Valois d'Orléans (règne de Louis XII, de 1498 à 1515) et les Valois-Angoulême (ils règnent sur le royaume de France de 151, avec François Ier, à 1589 date de la mort d'Henri III).



La dynastie des Valois est en conflit quasi permanent avec l'Angleterre. Elle s'engage dans les guerres d'Italie et doit faire face aux guerres de Religion qui déchirent le royaume.



En un peu plus de 250 ans, les Valois ont permis la mise en place et l'affirmation de la monarchie de droit divin, héréditaire et de pouvoir absolu. La France a été dotée d'insctitutions efficaces qui ont contribuées à la centralisation du pouvoir dans un royaume plus vaste.



A la fin de la domination des Valois, avec la mort d'Henri III qui ne laisse aucun successeur, c'est la branche des Bourbons qui accède au pouvoir.
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MessageSujet: Re: Origines de la France..   Origines de la France.. Icon_minitime1Dim 19 Jan - 9:49

Louis XIII (1601 - 1643)


Le précurseur de l'absolutisme


La mémoire de Louis XIII est souvent éclipsée par celle de son brillant ministre Richelieu. Tout semble opposer les deux hommes ; le premier est conscient de ses faiblesses comme le second de son intelligence. Mais l'un et l'autre sont animés par une piété sincère et, surtout, placent l'intérêt supérieur de l'État au-dessus de leur personne.


Origines de la France.. LouisXIIIjeune1622
Louis XIII en 1622 - dessin de Dusmontier


C'est ainsi que Louis XIII, à une époque charnière, va enterrer les restes de féodalité en France et poser les jalons de l'absolutisme de son fils et successeur Louis XIV.


Origines de la France.. Femmes11-taillasson-louis13
« La Naissance de Louis XIII », Jean-Joseph Taillasson, 1783, musée national du château de Pau.


Un assassinat l'assoit sur le trône...


Le 14 mai 1610, lorsqu'Henri IV est assassiné par Ravaillac, son fils Louis n'a que 9 ans. Né à l'orée du « Grand Siècle », l'enfant devient brutalement le nouveau roi de France. Sa mère, Marie de Médicis, inquiète des prétentions que pourraient faire valoir les princes de sang du royaume, s'empresse de se faire confier la régence.


Le sage Sully, principal ministre du défunt « Vert-Galant », doit résilier ses charges le 26 janvier 1611. Les autres ministres de l'ancien souverain, les « barbons », sont conduits à en faire autant. La régente tombe sous l'influence de sa soeur de lait, la Galigaï, qui se prévaut de ses talents de magicienne. Elle confie le gouvernement à son mari, un Italien du nom de Concino Concini, qui se rend très vite impopulaire auprès de la noblesse comme du peuple !


Les grands du royaume se rebiffent et menacent de prendre les armes. Marie de Médicis les calme en réunissant les états généraux à Paris le 27 octobre 1614. Ceux-ci se noient dans des querelles sans fin et le gouvernement les renvoie sur de vagues promesses de réformes. Ils ne seront plus réunis avant 1789. Le 28 novembre 1615, Marie de Médicis organise le mariage de Louis XIII avec la princesses espagnole Anne d'Autriche.


... Un autre lui donne le pouvoir


Le 24 avril 1617, de plus en plus impatient de prendre les rênes du pouvoir, Louis XIII devenu adolescent accepte tacitement de faire assassiner Concini. Il le remplace par Luynes, son Grand Fauconnier, et exile sa mère au château de Blois. C'est le début d'une brouille longue et politiquement lourde de conséquences entre mère et fils. Les premières années du règne personnel de Louis XIII sont secouées par des révoltes des Grands, soutenus par la reine mère, qui n'hésitent pas à lever des troupes et des impôts pour défier l'autorité royale.


Tout change le 29 avril 1624 avec l'entrée du cardinal Armand du Plessis de Richelieu (39 ans) au Conseil du roi. Initialement « créature » de Marie de Médicis, il va gagner progressivement la confiance du roi, auquel tout pourtant l'oppose question tempérament.


Le prélat entreprend d'abord de discipliner la noblesse. Il met un terme à l'hécatombe que les duels provoquent chez les jeunes nobles : il fait ainsi décapiter le comte de Montmorency-Boutteville, coupable de s'être battu malgré ses ordres ! Il sévit aussi contre les complots de la haute noblesse, qui bénéficient du soutien à peine voilé de Gaston d'Orléans, frère cadet de Louis XIII, qui, jusqu'à la naissance d'un héritier (le futur Louis XIV), en 1638, se comporte en futur roi.


Les régions majoritairement protestantes se soulèvent, sous l'impulsion des ducs de Rohan et de Soubise, poussant le roi à intervenir militairement, non pour les convertir au catholicisme (il ne remit jamais en cause l'Édit de Nantes) mais pour assurer l'unité du royaume.


Chef de guerre à l'aise parmi ses troupes, Louis XIII obtient en 1628 la reddition de La Rochelle, après un siège long et cruel conduit avec détermination par Richelieu. Le 1er novembre 1628, le roi entre dans une ville soumise mais ruinée et dépeuplée par la famine. Fort de sa victoire, il accorde aux protestants l'édit d'Alès qui confirme celui de Nantes mais réduit leurs privilèges militaires.


Origines de la France.. LouisXIIIVouet
Louis XIII - Peinture allégorique de Simon Vouet (Musée de Versailles)


Un duo improbable


En vue de consolider les frontières du pays, Richelieu projette de s'allier aux Suédois et aux protestants allemands en guerre contre les Habsbourg catholiques. Marie de Médicis s'en irrite. Elle tente une dernière fois de reprendre la main. C'est la « journée des dupes » du 11 novembre 1630, où elle presse Louis XIII de le renvoyer mais où le roi décide de lui renouveler sa confiance.


Contre l'avis du parti dévot, partisan du soutien aux pays catholiques, Louis XIII et Richelieu peuvent dès lors soutenir les provinces Unies et la Suède protestantes. Le 19 mai 1635, ils engagent directement la France dans la Guerre de Trente Ans qui déstabilise le Saint Empire en déclarant la guerre à l'Espagne elle-même. En Italie, ils reprennent le contrôle de la vallée de la Vateline, passage stratégique pour l'Espagne, afin d'affaiblir les Habsbourg.


Sur la scène intérieure, jusqu'à sa mort, en 1642, le Premier Ministre n'a de cesse d'affermir l'autorité royale. Il développe la marine et le commerce et crée un corps d'intendants pour faire appliquer les décisions du roi dans les provinces. La rationalisation du système administratif s'accompagne d'une augmentation de la pression fiscale sur le tiers état, nécessaire pour financer les guerres incessantes. Il sanctionne aussi sans pitié la conspiration de Cinq-Mars, ex-favori du roi.


Le règne de Louis XIII et le gouvernement de Richelieu se signalent aussi par l'émergence de la culture classique qui s'épanouira sous le règne suivant. Si triste que soit le roi, on jouit de la vie à grandes rasades dans les hôtels particuliers du Marais. L'époque est au libertinage et les représentants de l'aristocratie se plaisent en la compagnie de Marion Delorme et Ninon de Lenclos. Dans la peinture, Simon Vouet amorce la transition entre le baroque et l'art classique (voir ci-dessus le portrait allégorique de Louis XIII). Pierre Corneille triomphe au théâtre avec Le Cid (1637). Deux ans plus tôt, Richelieu a créé l'Académie française...


Roi puissant et malheureux


Les Français, cependant, dans leur immense majorité, ne tirent aucun bénéfice des succès de la monarchie. Le règne de Louis XIII est marqué par des révoltes anti-fiscales, notamment celles des Croquants et des Nu-Pieds.


Ému par la grande misère du peuple, Saint Vincent de Paul fonde en 1634 les Filles de la Charité, un ordre au service des malades et des enfants trouvés. Il participe au renouveau de la foi catholique avec Saint François de Sales et mère Angélique de Port-Royal.


Atteint d'une maladie intestinale chronique (sans doute la maladie de Crohn), Louis XIII s'éteint le 14 mai 1643, à l'âge de 42 ans. Il laisse derrière lui son fils aîné Louis, né en 1638 d'un mariage malheureux et longtemps stérile. Comme 30 ans plus tôt, une mort prématurée ouvre une phase de régence maternelle chaotique. « Que l'on ait pu être roi et malheureux, Louis XIII en est assurément le meilleur exemple », écrit Jean-Christian Petitfils dans la biographie qu'il lui consacre.


Origines de la France.. LouisXIIIChampaigne
Louis XIII portrait par Philippe de Champaigne ( détail )


L'historien souligne cependant que ce roi bègue à la santé fragile, mal aimé de sa mère, qui lui préférait son cadet Gaston d'Orléans, et de sa femme Anne d'Autriche avec laquelle il eut le plus grand mal à concevoir un héritier, fut un grand roi qui sut prendre des décisions difficiles au nom de l'intérêt supérieur du royaume.
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MessageSujet: Re: Origines de la France..   Origines de la France.. Icon_minitime1Lun 20 Jan - 21:06

Smile merci mimi
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MessageSujet: Re: Origines de la France..   Origines de la France.. Icon_minitime1Lun 27 Jan - 8:18

Richelieu (1585 - 1642) - Un cardinal à poigne


Évêque du modeste évêché de Luçon, Armand Jean du Plessis, duc de Richelieu, se fait remarquer aux états généraux de 1614 par Marie de Médicis, mère de Louis XIII. Il obtient un poste de secrétaire d'État puis la barrette de cardinal.


Il dirige enfin le Conseil du roi à partir de 1624, en qualité de « principal ministre » ou Premier ministre, et révèle dès lors son génie politique : il met au pas la noblesse, prompte aux duels et aux révoltes, assoit l'autorité du roi (on appellera plus tard ce régime « absolutisme ») ; combat les protestants de l'intérieur et leurs alliés anglais ; garantit les frontières en s'alliant aux protestants allemands, jette les bases du premier empire colonial...


Origines de la France.. RichelieuChampaigne
Le Cardinal de Richelieu (Philippe de Champaigne Musée du Louvre)


Habile négociateur


Né le 5 septembre 1585, Armand Jean du Plessis, fils d'un capitaine des gardes d'Henri IV, entre dans les ordres et devient en 1606 évêque du modeste évêché de Luçon (aujourd'hui en Vendée). Bien qu'il eut préféré une carrière militaire, il va toute sa vie manifester une piété forte et sincère.


Il administre avec brio son diocèse et travaille à la conversion des protestants avec le concours des moines capucins. C'est ainsi qu'il se lie d'amitié avec François Leclerc du Tremblay, qui sera son plus proche conseiller. 


Délégué par le clergé du Poitou aux états généraux de 1614, il se fait remarquer  par la mère de Louis XIII, la régente Marie de Médicis et par son favori, le marquis d'Ancre, ex-Concini. C'est ainsi qu'il obtient un poste de secrétaire d'État pour l'Intérieur et la Guerre. Mais trois ans plus tard, quand le jeune roi fait assassiner Concini et écarte sa propre mère, il est chassé du gouvernement, Marie de Médicis n'étant plus en situation de le soutenir. Exilé à Blois puis Avignon, il en profite pour écrire une manière de catéchisme, L'Instruction du chrétien.


Habile négociateur, il rentre dans les bonnes grâces de la reine-mère en la réconciliant avec son fils en 1620. Cet exploit est récompensé par la barrette de cardinal le 12 décembre 1622.


Peu après, Marie de Médicis est à nouveau écartée du pouvoir. Son propre fils lui interdit d'assister aux séances du Conseil d'en haut (aussi appelé « Conseil ordinaire » ou « Conseil des affaires », il se réunit en présence du roi en personne et traite des sujets majeurs). À force de persuasion, la reine-mère obtient toutefois de son fils qu'il y fasse entrer le cardinal dont elle espère qu'il servira ses intérêts.


Le jeune roi s'y résout vite car, confronté à une situation internationale embrouillée, il doit bien constater l'impéritie de son chef de gouvernement, le surintendant des Finances Charles de la Vieuville. Il a noté a contrario la pertinence des avis du cardinal, transmis par sa mère.


Très vite, le cardinal se fait remarquer du roi par son talent et son dévouement. Il prend l'habitude de s'entretenir en tête-à-tête avec le roi avant chaque Conseil de façon à faciliter ses interventions. Quatre mois plus tard, le 13 août 1624, La Vieuville est arrêté sous l'accusation de malversations et Louis XIII offre à Richelieu la direction du Conseil d'en haut. À ce poste de « principal ministre » ou Premier ministre, le cardinal va dès lors révéler jusqu'à sa mort son génie politique. Il en sera récompensé dès 1629 par les titres de duc et pair.


Origines de la France.. Poils23_richelieu
Philippe de Champaigne, Triple portrait de Richelieu, 1640, Londres, National Gallery


« Éminence grise »


Le cardinal s'entoure de conseillers compétents dont le plus connu est le père Joseph, de sept ans son aîné. Ce moine capucin né François Leclerc du Tremblay se montre passionnément dévoué à la cause de l'Église mais sert l'État sans faillir. Il transforme l'ordre des capucins en un réseau d'informateurs efficace. Habile négociateur, il négocie l'intervention de la Suède dans la guerre de Trente Ans et prépare les traités de Westphalie qui y mettront fin.


Du fait de sa robe de bure grise, qui fait contraste avec la robe rouge du cardinal, le père Joseph est surnommé « Éminence grise » et l'expression va dès lors désigner tout conseiller de l'ombre. À sa mort, le 17 décembre 1638, Richelieu écrira : « Je perds ma consolation et mon unique secours, mon confident et mon appui ». Deux siècles plus tard, l'historien Jules Michelet va dresser du père Joseph un portrait tout en noirceur qui va faire oublier ses qualités politiques et sa piété sincère.


Un homme d'État moderne


Travailleur infatigable, ne dormant guère plus de quatre heures par nuit, Richelieu va se dévouer jusqu'à sa mort au service de l'État.


Dans un premier temps, il met au pas la noblesse factieuse, habituée à l'indiscipline depuis la disparition d'Henri IV. Par l'édit du 2 juin 1626, il interdit les duels et punit de mort les récidivistes. Il ne craint pas de mettre la menace à exécution.


Jusqu'à sa mort, le cardinal devra renouveler de vigilance face aux complots de la noblesse, lesquels impliquent le propre frère du roi, Gaston d'Orléans ! Le plus sérieux se solde par la décapitation du duc de Montmorency à Toulouse en 1632. Dix ans plus tard, le dernier coûtera la vie au jeune marquis de Cinq-Mars et à son ami de Thou, exécutés à Lyon. Gaston fera enfin, à cette occasion, amende honorable...


De cette manière, il assoit l'autorité du roi (sous la Révolution, bien plus tard, on appellera ce régime « absolutisme »).


Le cardinal est habile aussi à s'attacher les hommes de talent, nombreux dans la France de cette époque. Ainsi constitue-t-il l'Académie française et soutient-il Théophraste Renaudot dans ses initiatives philanthropiques et la création de la Gazette.


Visionnaire, il encourage les expéditions lointaines. Passionné par les questions maritimes, il se donne en 1626 le titre de grand maître et surintendant général de la Navigation et du Commerce. Il crée des compagnies à monopole pour faciliter les entreprises de colonisation et jette les bases du premier empire colonial français (Martinique, Canada, Madagascar...). L'objectif de ces compagnies est avant tout d'approvisionner la métropole en sucre, une denrée de luxe traditionnellement achetée dans les pays musulmans et qui occasionne d'importantes sorties de métaux précieux. Selon la doctrine mercantiliste de l'époque, ces sorties de numéraire sont le principal facteur d'appauvrissement de l'État.


C'est ainsi qu'après la compagnie des Cent Associés de la Nouvelle-France, fondée en 1627, viennent la Compagnie royale du Levant, la Compagnie du Sénégal et de Gambie, la Compagnie de Saint-Christophe (ou des Indes occidentales), qui sera transformée en 1635 en Compagnie des Isles d'Amérique.


Richelieu le Navigateur


Conscient de l'importance à venir du commerce maritime et soucieux de concurrencer les Hollandais, précurseurs en ce domaine, le cardinal de Richelieu achète en 1626 un navire de commerce hollandais. Rebaptisé Fleur de Lys, il est mis à la disposition des armateurs français afin qu'ils s'en inspirent pour la construction de leurs propres navires.


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La fleur de lys à Rouen..


La France, principale puissance européenne


Soucieux d'abaisser les Habsbourg qui gouvernent l'Espagne et les États autrichiens, le cardinal se garde de mêler religion et diplomatie. Dès 1625, il noue une alliance avec l'Angleterre contre l'Espagne. L'alliance est concrétisée par les fiançailles de la soeur de Louis XIII, Henriette de France, avec le prince de Galles, le futur roi d'Angleterre Charles 1er.


Mais les périls intérieurs obligent Richelieu à se raccommoder avec l'Espagne par le traité de Monzon, dès l'année suivante. Les Anglais, du coup, se retournent contre la France et apportent leur appui aux protestants de La Rochelle, en rébellion contre le pouvoir royal.


Richelieu y voit une raison supplémentaire de combattre les protestants de l'intérieur, non qu'il veuille remettre en cause l'Édit de tolérance de Nantes mais il n'accepte pas plus leur aspiration à l'autonomie que les complots de la haute noblesse. Après le siège de La Rochelle et l'Édit d'Alès, il ne va plus rester plus grand-chose de la puissance politique du protestantisme : les protestants français se voient garantir la liberté de culte et l'égalité civile avec les catholiques mais perdent leurs places fortes.


Le ministre garantit la tranquillité de la France sur ses frontières. En mars 1629, les troupes françaises forcent le passage des Alpes au pas de Suse et occupent les États du duc de Savoie, lequel n'a pas d'autre issue que d'accepter la cession de la forteresse de Pignerol, dans les Alpes, et une présence militaire permanente à Mantoue.


Cette politique hostile à l'Espagne catholique vaut à Richelieu l'hostilité du parti dévot, regroupé autour de la reine-mère. Marie de Médicis tente de l'évincer mais c'est finalement Richelieu qui gagne la partie à l'issue de la « Journée des Dupes ».


Pendant que Richelieu s'efforce de restaurer l'ordre intérieur, l'Allemagne et le monde germanique endurent la plus terrible guerre de leur histoire, entamée en 1618 par l'entrée en guerre des princes protestants contre l'empereur catholique. 


Richelieu a eu d'abord le souci de s'en tenir à l'écart. Mais en 1635, il doit se résoudre à s'allier aux protestants allemands pour contrer les Habsbourg. Les hostilités s'engagent mal avec la prise de Corbie (Picardie) par les Espagnols venus d'Artois, le 15 août 1636. À Paris, c'est la panique. Le cardinal, sans se laisser perturber, lève une armée de 40 000 hommes et vient assiéger Corbie. Au bout de trois mois, affamés, les Espagnols doivent se retirer.


Richelieu réprime avec autant de fermeté les révoltes paysannes qui se multiplient pour cause de misère et de guerre. Ainsi de la révolte des Croquants du Limousin en 1637 et des va-nu-pieds de Normandie en 1637.


Enfin le sort des armes se retourne en faveur de la France avec la prise de Brisach en Alsace en 1638, le siège d'Arras et les victoires de Casal et Ivrée en 1640. Dans le même temps, il est vrai, l'Espagne est déstabilisée par les révoltes des Catalans et des Portugais. La France en profite pour occuper le Roussillon en 1642. Cette province devient dès lors définitivement française.


La postérité reconnaissante


Victorieux de toutes les cabales grâce au soutien constant du roi Louis XIII, Richelieu apparaît comme le premier homme d'État moderne, soucieux de l'intérêt national envers et contre tout. Impopulaire au demeurant. Quand il meurt d'épuisement et de maladie, le 4 décembre 1642, le peuple parisien, dit-on, allume des feux de joie.


Richelieu sur son lit de mort (Philippe de Champaigne)Louis XIII, qui lui-même ne se porte guère mieux et ne lui survivra pas longtemps, laisse échapper laconiquement : « C’est un grand politique de moins ».


Et le grand Corneille, mieux inspiré : « Qu’on parle mal ou bien du fameux cardinal, ma prose ni mes vers n’en diront jamais rien, il a trop fait de mal pour en dire du bien, il a trop fait de bien pour en dire du mal ».


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Richelieu sur son lit de mort..


Le cardinal sera inhumé dans la chapelle de la Sorbonne, qu'il a faite ériger. Il y reposera jusqu'à la profanation de son tombeau par les révolutionnaires le 5 décembre 1793.


Une ville à sa gloire


Soucieux de tenir son rang, le cardinal s'est fait construire un splendide hôtel particulier près de la résidence royale du Louvre. Dénommé Palais-Cardinal, il deviendra Palais-Royal après qu'il l'aura légué à Louis XIII.


Soucieux également de sa postérité, le cardinal a fait construire à la fin de sa vie une ville à sa gloire sur un plateau au sud de Saumur et Tours. Baptisée comme il se doit Richelieu, la ville est tracée au cordeau avec une place d'armes et deux grandes avenues.


Richelieu exige des grands personnages du royaume qu'ils y bâtissent chacun une maison en pierre le long de l'avenue principale, dans le prolongement de la route de Paris. À la sortie de la ville, au sud, cette avenue débouche sur le palais du cardinal et son immense parc.


Sous la Restauration, au XIXe siècle, un héritier indigne livrera le palais à la pioche des démolisseurs ; un autre héritier, plus attentionné, lèguera un pavillon et le parc à l'Institut de France. De ce projet pharaonique interrompu par la mort de son promoteur reste une bourgade tranquille, à l'abri de ses remparts et de ses douves, parfait reflet de l'urbanisme classique.


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La ville de Richelieu
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MessageSujet: Re: Origines de la France..   Origines de la France.. Icon_minitime1Mar 28 Jan - 14:39

Louis XIV (1638 - 1715)


Le Roi-Soleil et la France à son apogée


La monarchie française atteint son apogée sous le long règne de Louis XIV.


Fils de Louis XIII et Anne d'Autriche, le roi succède à son père sur le trône de France le 14 mai 1643, à l'âge de... quatre ans. Pendant 18 ans, il se forme consciencieusement à son métier de roi, à l'ombre de sa mère, régente, et sous le vigilant tutorat du cardinal Mazarin, son « principal ministre » ou Premier ministre.


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Louis XIV à 20 ans




La prise de pouvoir de Louis XIV


La régence débute sous de bons auspices avec la victoire du duc d'Enghien sur les Espagnols à Rocroi, le 19 mai 1643. Mais, très vite, les choses se gâtent avec la Fronde des parlementaires et des nobles.


L'autorité royale est restaurée grâce au « principal ministre », le cardinal Jules Mazarin. Dans la foulée, le jeune roi est sacré comme il se doit, à Reims, le 7 juin 1654. Il n'a encore que quinze ans et laisse à Mazarin et Turenne le soin de parfaire son éducation politique et militaire.


Le traité des Pyrénées, chef d'oeuvre diplomatique de Mazarin, met un terme en 1659 à la guerre avec l'Espagne et se solde par le mariage du roi avec sa cousine, l'infante Marie-Thérèse d'Autriche, fille de Philippe IV d'Espagne.


Le dévoué ministre, sur son lit de mort, le 9 mars 1661, à Vincennes, recommande au jeune roi Louis XIV, son filleul, d'employer les ministres au mieux de leurs capacités. Trois se détachent du lot : « Fouquet, habile à trouver du crédit, Le Tellier, restaurateur de l'armée, et Hugues de Lionne, diplomate de la meilleure école » (François Bluche, Louis XIV, Fayard, 1986). Le cardinal recommande aussi au souverain de prendre Jean-Baptiste Colbert (43 ans) comme nouveau Premier ministre et, sans attendre, le fait nommer intendant des finances.


Mais Louis XIV, alors âgé de 22 ans, décide d'assumer désormais en personne la direction du gouvernement. Dès le lendemain, il réunit le Haut Conseil. « Monsieur, » dit-il en s'adressant au chancelier (le ministre de la justice), « je vous ai fait assembler avec mes ministres et secrétaires d'État pour vous dire que, jusqu'à présent, j'ai bien voulu laisser gouverner mes affaires par feu M. le Cardinal ; il est temps que je les gouverne moi-même. Vous m'aiderez de vos conseils quand je vous les demanderai... »


Pour affirmer d'emblée son autorité, le souverain fait arrêter Nicolas Fouquet, le trop puissant et trop arrogant surintendant général des Finances.


Le souverain gouverne avec l'assistance d'un contrôleur général des Finances (c'est Colbert à partir du 12 décembre 1665 et jusqu'à sa mort, le 6 septembre 1683) et de quatre Secrétaires d'État.


Composée de vingt-deux départements et employant environ deux mille personnes, la Maison du roi regroupe les officiers qui servent le souverain. Tous sont des commensaux, autrement dit bénéficient du privilège féodal d'être nourris par le souverain.


Les Parlements sont tenus d'enregistrer les actes royaux sans remontrance. La police de Paris est confiée à un lieutenant général de police (La Reynie à partir de 1667).


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Le Roi Louis XIV préside le Conseil des Parties


Apogée de la France


L'arrivée aux affaires du jeune roi, en 1661, est marquée par une terrible famine, dite « famine de l'avènement » ! (1 à 1,5 million de morts). Le royaume n'en jouira pas moins d'une relative prospérité et de l'absence de famines pendant les trois premières décennies du règne.
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La galerie des glaces à Versailles




C'est qu'à la différence de ses prédécesseurs, Louis XIV ne rechigne pas à intervenir sur l'activité économique. Son ministre Colbert organise en particulier des importations de farines pour remédier aux disettes.


Louis XIV, dès le début de son règne, se montre soucieux de grandir le prestige de la monarchie pour éviter le retour des guerres civiles et les séditions nobiliaires. Lui-même s'identifie au soleil, pas moins, car comme celui-ci il veut être l'astre qui éclaire et réchauffe le monde qui l'entoure !


C'est ainsi qu'il reste connu dans l'Histoire sous le surnom de Roi-Soleil. Ce surnom dû à... ses talents de danseur est au demeurant mérité car Louis XIV a porté la France à son apogée et fait d'elle pour plus d'un siècle la principale puissance du continent européen, voire du monde.


Le roi a soin de se maîtriser et de se montrer poli envers ses sujets. Il jeta sa canne par une fenêtre du château de Versailles, un jour où il donnait audience au duc de Lauzun, « pour ne pas avoir à en frapper un gentilhomme ».


Habile politique, le Roi-Soleil attire la haute noblesse à la Cour, auprès de lui et sous sa surveillance, en lui accordant des pensions, en la flattant et en la divertissant. Mais moins d'un cinquième des nobles du royaume peuvent vivre à Versailles, les autres n'en ayant pas les moyens.


Les nobles et leurs familles (au total environ 200 000 personnes, soit 1% de la population) profitent néanmoins des privilèges fiscaux accordés par le roi, tout comme la bourgeoisie.


Louis XIV, en contrepartie, monnaie chèrement les charges publiques ou « offices ». Louis II Phélypeaux de Pontchartrain, dit le « chancelier de Pontchartrain », contrôleur général des finances de 1689 à 1699, lui glisse un jour avec malice : « Chaque fois que Votre Majesté crée un office, Dieu crée un sot pour l'acheter ! ».


Par calcul mais aussi par goût, le roi se montre grand mécène, multipliant les fêtes et entretenant les artistes et les écrivains. Le 21 octobre 1680, il fonde la Comédie-Française. Ne croyons pas pour autant qu'il dépense sans compter. « Ce qu'il y a de plus beau, d'un prix médiocre, est ce que j'aimerais le mieux », dit-il.


Le 6 mai 1682, il quitte sa résidence habituelle de Saint-Germain-en-Laye et s'installe avec toute sa Cour à Versailles, un palais plus somptueux que tout ce qu'on avait connu jusque-là, voué aux plaisirs des courtisans mais aussi à l'édification du peuple. Celui-ci a libre accès aux jardins et même à la fameuse Galerie des Glaces et en tire un sentiment d'orgueil national.


La Cour fait la fierté des élites françaises et l'admiration des diplomates. Elle bénéficie du rayonnement intellectuel des plus grands écrivains du temps (Molière, Boileau, Racine...) sous la houlette de femmes d'esprit telles la marquise de Montespan, maîtresse du roi dans les années 1670, et Madame de Sévigné.


La volonté de puissance de Louis XIV s'étend à la religion. Le 19 mars 1682, l'assemblée du haut clergé, sous la houlette de Bossuet, vote la Déclaration des quatre articles, qui ne reconnaît au pape qu'une autorité spirituelle. C'est le triomphe du gallicanisme en religion. Mais il n'est que provisoire car le roi devra désavouer cette déclaration onze ans plus tard sous la pression du Saint-Siège.


Le roi poursuit la politique coloniale ambitieuse de Richelieu et le 9 avril 1682, Robert Cavelier de la Salle prend possession en son nom de la région du Mississippi qu'il baptise Louisiane en son nom.


Le 30 juillet 1683 meurt la reine Marie-Thérèse, discrète dans la mort comme elle le fut dans la vie à l'ombre des nombreuses favorites royales. Apprenant sa mort, le roi aurait alors eu ce mot : « Voilà le premier chagrin qu'elle me cause ».


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Le convoi funèraire de la reine Marie-Thérèse gagne la nécropole de Saint-Denis (1683), collection privée d'Elizabeth II


Après que la plus célèbre de ses favorites, la marquise de Montespan, se soit discréditée en faisant appel à la magie pour retenir le roi, celui-ci décide de se ranger. Il épouse en secret, à une date incertaine, la gouvernante de ses bâtards, Françoise d'Aubigné, marquise de Maintenon. Pédagogue, elle fonde à Saint-Cyr, derrière Versailles, une école pour les jeunes filles pauvres de la noblesse. Pacifique, elle déplore le goût du roi pour la guerre ; austère, elle le détourne des fêtes. Mais sa piété, profonde, ne va sans doute pas jusqu'à intervenir dans la plus fatale décision du règne...


Le 18 octobre 1685, le roi signe à Fontainebleau la révocation de l'édit de Nantes d'Henri IV. Une seule religion est désormais autorisée en France. Plusieurs centaines de milliers de protestants s'enfuient, appauvrissant le royaume et enrichissant ses ennemis. La même année est promulgué le premier texte législatif sur les relations entre maîtres et esclaves dans les colonies à sucre d'outre-mer. À défaut de pouvoir empêcher l'esclavage dans ces possessions instables et lointaines, le gouvernement souhaite en prévenir les abus les plus manifestes avec ce texte plus tard surnommé « Code Noir ».


Outre la révocation de l'édit de tolérance, sous la pression de l'opinion et en vertu d'une mauvaise information, Louis XIV peut se reprocher d'avoir trop cédé à sa passion de la guerre. Il s'en est suivi la formation d'une armée professionnelle, avec l'apparition des uniformes et des grades administratifs (450 000 hommes, dont 20 000 officiers militaires, en 1690) mais aussi une aggravation de la pression fiscale sur le peuple et en particulier sur la paysannerie, car il fallait payer les soldes et l'armement de ces troupes qui ne pouvaient se satisfaire du pillage des terres occupées.


L'Europe à la mort de Louis XIV


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Sous le règne de Louis XIV, la France est le royaume le plus important et le plus stable d'Europe, face à une Angleterre prospère mais bien moins peuplée et qui sort d'éprouvantes guerres civiles. L'Espagne, sclérosée, est sur le déclin cependant que l'Allemagne et l'Italie, divisées en de multiples principautés, n'ont pas d'existence politique...


Un (trop) long règne


Si le XVIIe siècle français a pu être qualifié de Grand Siècle,  il le doit à Louis XIV mais peut-être plus encore aux gouvernants qui l'ont précédé : Mazarin, Richelieu et son propre père Louis XIII. 


C'est en effet bien avant la prise de pouvoir de Louis XIV (1661) que se mettent en place les instruments de son pouvoir, sont lancées les premières conquêtes coloniales, est établie la suprématie de la France sur le continent et s'épanouissent les plus grands esprits du siècle, de Corneille à Molière, de Descartes à Pascal, de La Tour à Poussin... 


Le Grand Siècle décline peu après l'installation de la Cour à Versailles (1682), après la mort de la reine Marie-Thérèse. Les fêtes se raréfient à Versailles autour du roi vieillissant et malade. À part le palais en marbre rose du Trianon, érigé en 1687 à l'extrémité du parc de Versailles, on ne compte plus guère de réalisations remarquables...  


Si l'on en croit l'historien Emmanuel Leroy-Ladurie, bien connu pour ses études historiques sur le climat, la situation économique du royaume se dégrade à la fin du règne moins à cause des guerres qu'à cause de la météorologie. Hivers glaciaux et étés pourris débouchent sur des pénuries récurrentes de céréales.


La crise culmine avec les grandes famines de 1693 et 1709, qui provoquent respectivement un million et 600 000 victimes sur un total d'environ vingt millions de Français.


Le Roi-Soleil s'éteint à Versailles le 1er septembre 1715 à près de 77 ans, après le plus long règne de l'histoire humaine. Il laisse la couronne à son arrière-petit-fils, Louis XV (5 ans). Dès le lendemain, son neveu le duc Philippe d'Orléans obtient la régence. Malgré guerres, famines et épidémies, la France n'en apparaît pas moins, à la mort du monarque, comme le royaume le plus peuplé, le plus puissant et le plus prospère d'Europe, avec une vingtaine de millions d'habitants et une population en progression.


La « ceinture de fer » de Vauban la protège durablement contre les risques d'invasion. Par ses possessions coloniales et sa flotte, elle est présente aussi dans toutes les parties du monde. Enfin, par ses productions architecturales et littéraires ainsi que le mode de vie de son aristocratie, elle séduit toutes les élites européennes. Si, au XVIIIe siècle, l'Europe pense et s'exprime en français, c'est clairement à Louis XIV que cela est dû.
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Le château de Versailles en 1722



Le plus long règne


Le roi Louis XIV peut se targuer d'avoir régné plus longtemps qu'aucun autre souverain de l'Histoire universelle : 72 ans, du 14 mai 1643 au 1er septembre 1715. Seul le pharaon Ramsès II (1304 à 1238 av. J.-C.) pourrait rivaliser avec lui. Notons que Louis XIV (1638-1715) est contemporain de deux autres souverains majeurs, l'empereur chinois Kangxi (1654-1722) et l'empereur moghol des Indes Aurengzeb (1618-1707). De ces souverains, il se rapproche par la longueur de son règne et le prestige de son nom.




NB : un successeur paiera de sa tête le prix de la facture !
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